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  • : Le blog de luc athimon
  • : Au cours des années, mon activité apostolique en Afrique et en France, m'a amené à travailler un certain nombre de documents. Le désir de partager avec vous et de connaître vos réactions m'a poussé à créer ce blog. Très belles photos d'Afrique ! Amitiés Luc.
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Qui Est Le Père Luc Athimon?

24 novembre 2012 6 24 /11 /novembre /2012 10:48

Il était une foi …

 

Jean Claude Guillebaud  :

« Comment je suis redevenu chrétien ! »

 

Qui est-il ?

Journaliste au Monde pendant 20 ans, il eut à faire des reportages sur les points chauds de la planète. Puis il quitta ce travail pour devenir directeur littéraire aux éditions du Seuil. Là il fréquenta un certain nombre d’intellectuels et d’auteurs de livres importants et eut lui-même une grande activité intellectuelle. Sa recherche fut motivée par l’envie de travailler sur la crise contemporaine des fondements (Comment se sont constituées nos démocraties modernes ? Pourquoi adhérons-nous collectivement à telle ou telle conviction ? Quelle sorte de nihilisme ou de relativisme capitulard menace aujourd’hui nos sociétés emportées vers la grande « bifurcation » ? Quel bagage, quel viatique minimal nous faudrait-il sauver dans ce tourbillon apocalyptique ?)

 

Son point de vue sur la situation des chrétiens dans la société

Il écrit : « J’ai eu envie d’écrire. Cette envie est d’abord le fruit d’une colère longtemps contenue ! en voyant la superbe et la condescendance de certains réquisitoires contemporains contre les chrétiens et qui les blessent… On voudrait convaincre les chrétiens non seulement qu’ils sont « réacs », mais qu’ils sont désormais exclusde l’histoire des idées. Ce dédain, sur le fond, me paraît non seulement injuste mais intellectuellement saugrenu.

Cette charge antichrétienne laisse souvent entrevoir une ignorance, une inculture vertigineuses. Raccourcis rudimentaires. Manipulations des textes. Ignorance théologique repérable jusque chez les intellectuels ou les universitaires. … Et on passe sous silence les durs combats juridiques menés par l’Eglise pour tenter d’adoucir la violence médiévale, l’interdiction progressive des ordalies etc .. Qui évoque l’œuvre hospitalière ou éducative poursuivie de siècle en siècle ? Bref, qui garde seulement en mémoire ce qu’un simple étudiant en droit de l’Université laïque et républicaine apprenait encore dans les années 1960 ? L’histoire entière du christianisme n’est plus revisitée que dans l’optique d’une démonisation outrancière ; L’Inquisition, elle aussi, a donc changé de camp.(comme le dit aussi Rémond)

 

Commentaire :De fait il ne s’agit pas de le nier : certaines émissions télé ou propos entendus ici et là, la moquerie, le mépris vis à vis du christianisme considéré comme ringard peut blesser. Des intellectuels comme Régis Debray, Rémond, Delumeau etc  l’ont déjà relevé

 

« Dans ce contexte, dit-il, nombre de chrétiens d’aujourd’hui réagissent de façon émotive et cèdent à des réactions contradictoires. »

 

« 1° réflexe : ils rasent les murs et taisent prudemment leur foi, dit Guillebaud, renonçant à avoir toute audience. Albert Camus déjà reprochait aux chrétiens d’après-guerre, leur timidité. Certains, soucieux de ne pas perdre toute audience, préfèrent se définir comme « sociologues des religions », « historiens des religions » ou « chercheurs en théologie », plutôt que simplement chrétiens….Cela s’apparente à une capitulation et fait la part trop belle à l’agressivité alentour, à l’inculture généralisée ou au cynisme ambiant. Elle laisse entendre que la tradition chrétienne serait un archaïsme résiduel, respectable, mais qui n’aurait rien à dire sur le monde du 21° siècle. Or je suis convaincu du contraire, dit-il !Je ne suis pas très sûr d’avoir intimement la foi, mais je crois profondément que le message évangélique garde une valeur fondatrice pour les hommes de ce temps ; y compris pour ceux qui ne croient pas en Dieu ; Ce qui m’attire vers lui, ce n’est pas une émotivité vague, c’est la conscience d’une fondamentale pertinence.

 

D’autres chrétiens obéissent à un 2° réflexe. Ils réagissent avec ostentation en choisissant un repli identitaire,qui laisse l’adversité contemporaine mener son tapage à l’extérieur des remparts de l’Eglise. » (voir certains jeunes prêtres)

 

3° manière : Là, Guillebaud dit comment personnellement il veut s’engager, essayer de parler clairement sur sa Foi : dire comment il a évolué. Et participer au nécessaire dialogue culturel. A ses yeux, les convictions fortes, ne sont pas un obstacle, mais au contraire une nécessité pour dialoguer.

Commentaire : Il est bon et même nécessaire de faire un exercice de discernement sur nos réactions, d’examiner dans quelle catégorie nous nous trouvons.

 

Son changement au plan de la Foi

Au départ : Guillebaud présente son parcours comme assez banal. « J’ai été élevé comme un petit catholique de province, écrit-il. Mes parents incarnaient assez bien cette espèce de sociologie chrétienne plutôt routinière et sans vraie profondeur. Devenu étudiant, comme la plupart des gens de mon âge, je me suis vote éloigné de l’Eglise, j’ai cessé d’aller à la messe, j’ai même quasiment perdu de vue aussi bien l’institution que l’interrogation elle-même.Cela ne m’intéressait plus. »

Il écrit  que, par la suite : « Dans mon travail personnel, il n’y avait, tout d’abord, aucune intention apologétique ni le moindre projet de réhabilitation du judéo-christianisme. Je ne songeais pas davantage à un « retour » au religieux … J’avais plutôt envie de travailler sur la crise contemporaine des fondements…C’est au fil de mon travail, de livre en livre, que j’ai été ramené, insensiblement, presque malgré moi, à la question chrétienne. J’ai suivi une approche qu’on pourrait qualifier de latérale. Ma démarche était anthropologique.Je n’avais pas été foudroyé par une conversion soudaine. Je n’étais pas non plus en quête de consolation, ni dans le désespoir existentiel… C’était une curiosité quasi journalistique qui me guidait. »

C’est peu à peu, à partir de ces questions et en vertu d’un enchaînement conceptuel,que j’ai fini par me demander si je n’étais pas en train de redevenir chrétien (à supposer que j’aie jamais cessé de l’être)…

Aujourd’hui, c’est un fait, plus j’avance dans mon travail, plus la question du judéo-christianisme m’intéresse et m’occupe…. Je suis bel et bien convaincu qu’il y a là un trésor, en effet, qu’il s’agirait de retraduire avec les mots et les concepts d’aujourd’hui. »

Dans son livre il nous raconte comment à partir de là, il va cheminer… pour aboutir à sa profession de Foi et le témoignage de sa joie partagée avec les chrétiens.

Commentaire : En un temps où il n’est plus rare de voir des chrétiens, qui, après une période d’abandon, reviennent à la Foi, ce témoignage me semble intéressant et de nature à aider ceux qui sont en recherche.

 

Dans son cheminement Guillebaud distingue 3 cercles successifs :

Le 1° cercle, qu’il dit périphérique, c’est sa recherche des sources de la modernité,

« Si le christianisme donne l’impression de disparaître, c’est peut-être justement – et aussi – parce qu’il a rempli historiquement son office et que le message dont il était porteur a été grosso modo adopté, dans sa version séculière, par la société moderne. Adopté mais coupé de sa source » …. « La plupart des convictions auxquelles nous adhérons spontanément, celles qui sont inscrites dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1948, et qui fondent la démocratie procèdent de cette prodigieuse confluence des premiers siècles de notre ère entre le judaïsme, la pensée grecque et le christianisme. En France, ce constat est occulté par une expérience historique bien particulière. Il est clair que nos Lumières, au 18° siècle, ont été vécues comme un mouvement d’émancipation et de liberté qui s’est développé en résistance, voire en révolte contre l’Eglise catholique et même contre le christianisme. Nous avons du mal à admettre cette double filiation historique. Nous ne retenons que le second héritage.

Par la suite, dit-il, c’est mon travail, mes rencontres, mes lectures qui m’ont conduit à réviser ce point de vue. Je me suis d’abord aperçu qu’il était, en fin de compte, assez hexagonal, c’est-à-dire étroitement tributaire d’une histoire très française. Pour les autres Européens, il paraît assez clair que la démocratie n’a pas été conquise seulement « contre » le christianisme, mais aussi grâce à lui, dans son prolongement, en intégrant et en laïcisant son héritage ; (Cela n’exclut pas, bien entendu, des combats contre le cléricalisme, mais c’est une autre affaire)

« Cette révision de mes propres préjugés,dit Guillebaud, et cette prise de conscience élémentaire ont été déterminantes … Elles m’ont ouvert des perspectives. (voyons son travail sur l’individualisme, la liberté - L’aspiration égalitaire (absente chez les Grecs.) - Le concept d’universalité - L’idée d’espérance (c’est la reformulation chrétienne, puis laïque du messianisme juif ; le temps n’est pas cyclique mais historique (c.a.d. l’histoire humaine est enracinée dans une mémoire et orientée vers un projet) - L’idée moderne de progrès - Notre rapport à la science)

Il en conclut pourtant que cette recherche sur les « valeurs » humanistes était encore périphérique au regard de l’essence du christianisme.

Commentaire : De fait on ne retient de la relation entre le judéo-christianisme et la modernité que les luttes… avec l’Eglise… Et cela peut présenter un obstacle un blocage, qu’il faut franchir en rétablissant la vérité. Cela permettra à un certain nombre de personnes de se remettre en chemin, comme Guillebaud

 

Il est passé à un 2° cercle,sous l’influence d’autres intellectuels, dit-il, entre autres de Jacques Ellul, écrivant « La Subversion du Christianisme »,puis de René Girard. Découverte que le Christianisme a fendu en 2 l’histoire du monde.

Commentaire : La découverte du vrai visage du Christ « Prophète » est essentielle

Exemple : le thème – et la pratique - du sacrifice,

 

Pourquoi le message évangélique est-il autre ? C’est qu’il inverse les perspectives. Dans les religions anciennes comme dans la mythologie grecque, le récit du sacrifice exprime toujours le point de vue des sacrificateurs.Ils affirment que la victime sacrifiée était effectivement coupable….Girard parle de l’unanimité persécutrice….Sans cette conviction unanime le sacrifice ne pourrait produire les effets pacificateurs qu’on attend de lui. (voir comment sous l’influence des médias, actuellement, tout le monde condamne des gens comme coupables avant d’être jugés.) Avec le christianisme, le discours des accusateurs est subitement retourné,l’accusation est démasquée, l’épisode de la résurrectionvient ruiner le sens même du sacrifice, l’anéantir….Le consentement à la résurrection démolit la mécanique du sacrifice sur laquelle se fonde les cultures humaines.

En un 1° tempsl’entrée dans ce 2° cercle et l’adhésion à ce principe de subversion l’ont entraîné plus à gauche. Il s’est senti plus chrétien que catholique, en accord avec les théologies de la libération et mouvements en rupture avec le catholicisme institutionnel,dominateur et respectable…touché par le Messie souffrant …le chemin de faiblesse qu’il a choisi…. Puis à partir de 1980, il s’est senti en accord avec de nombreux militants engagés sur le terrain social. (ATD-Quart monde, Amnesty International, les Restos du cœur, le CCFD, la Cimade, ATTAC), refus des injustices et dominations nouvelles induites par la dogmatisation du néo-libéralisme. Témoin attristé de la ringardisation des pauvres…

Dans ce 1° temps en tout cas, il fit sienne la sévérité des chrétiens dit de gauche à l’égard de l’Institution catholique. Mais, dit-il, il s’enthousiasmait, en revanche, à la pensée que, dès le 4° siècles de notre ère, l’essor du monachisme (partant au désert) avait apporté un contrepoint silencieux, une réponse, à cette conversion de Constantin qui avait fait du christianisme la religion officielle de l’Empire, avec toutes les compromissions temporelles et les répressions séculières qui s’ensuivirent.

Puis il a évolué dans sa position vis à vis de l’Eglise « Institution »

 

1) Grâce à de nombreuses rencontres de prêtres de religieux, de théologiens il s’est approché, il a côtoyé cette « fameuse institution » et cela a changé son regard,dit-il. Il s’est rendu compte de l’absurdité des critiques émises, du décalage du réel. L’Eglise réelle, celle qu’il découvrait lui faisait plutôt songer à ces communautés chrétiennes des premiers siècles,solidaires et joyeuses, mais tenu à l’œil (dans le meilleur des cas) par le pouvoir romain. Que l’Eglise catholique ait perdu sa richesse, son omniprésence et sa puissance rend assez risible l’anticléricalisme façon III° République, qui renaît dans nos sociétés.

Guillebaud en est arrivé à penser que le dépouillement même de l’Eglise catholique pouvait ouvrir la voie à un extraordinaire rajeunissement du christianisme.. La sécularisation de l’Europe, en dépossédant l’Eglise de son ancienne vocation d’organisatrice du social, la libérait de son assujettissement au pouvoir temporel. L’Eglise fait une expérience historique inédite depuis 17 siècles : celle de la « minorité »,de l’écart, de la dissidence de facto. Pas une catastrophe. On réapprend à être subversifs, protestataires et joyeux comme les premiers chrétiens

 

2) Autre étape :Un long travail pour préparer son livre « Force de conviction »l’ont amené à comprendre que la croyance passe aussi par la relation …et cela amène à comprendre le rôle et la nécessité de l’institution…

Ainsi l’aspect institutionnel de l’Eglise et le prophétisme se complètent !

Commentaire : Un certain nombre de chrétiens, comme Guillebaud, ont des difficultés avec l’Eglise-institution (la hiérarchie), difficultés à la comprendre, à l’accepter. Sa réflexion, son évolution peuvent aider !

 

3° Cercle

Guillebaud écrit : « Mon entrée dans le 3° siècle se présentait comme une interrogation toute simple. Amené à parler à des chrétiens ou à des Juifs, je me posais la question : qui suis-je moi ? où en suis-je ?Qu’allais-je leur dire au juste. Que j’avais été ramené à la lecture des Evangiles et que leur pertinencem’avait ébloui ?… J’étais tenté de partager mon enthousiasme en ajoutant qu’il procédait de la raison et d’elle seule. Cela correspondait sans doute à ce qu’on attendait de moi. Rien de plus logique. Ces hommes et ces femmes, dit-il, journellement moqués par le discours dominant, n’en venaient-ils pas à mettre en doute, non pas leur foi, mais le « sérieux » de la parole chrétienne ? ..Transposée dans notre univers actuel, cette parole-là ne se réduisait-elle pas, désormais, à une effusion magique, à un amour idéalisé pour la figure du Christ, à une fidélité plus sentimentale que raisonnable ? Devant eux, je témoignais du contraire. Je leur assurais que le raisonnement et lui seul avait guidé mon travail.

Et il écrit : J’ajoutais qu’ils dormaient sur des richesses de sens insoupçonnées… avaient des textes, des paroles d’une force prodigieuse.

Mais il continuait à s’interroger. On l’appelait un « prophète de l’extérieur », on disait qu’il avait presque la foi ! » Il recommença épisodiquement à participer à la messe …

Il note alors que, sur le chemin du retour vers la foi, il a connu des pauses, des retours en arrière, des illuminations.

Une chose le gênait, (le gêne encore) c’est la phraséologie des messes, le langage qui ne parle pas, inintelligible. Et il pense qu’il y aurait tout un travail à faire … Il a rencontré non seulement des fidèles, mais des pasteurs qui sont de son avis.

Enfin le travail pour son livre « La Force de conviction » l’aida, dit-il, à franchir un seuil : découverte de la dimension décisionnelle de la croyance, puis découverte que la croyance implique une relation(et la décroyance entraîne une altération douloureuse de celle-ci)

Enfin, à la fin de son livre, il constate que lui-même vit cette joie partagée des chrétiens. Joie de se sentir en famille, avec la force du lien invisible qui l’y attache, … comme pour les premiers chrétiens.

Commentaire :Même des chrétiens bien assurés auront profit à lire ce qu’il écrit en cette dernière partie !(sur la dimension décisionnelle de la croyance, le fait que le croyance implique une relation et enfin sur la joie partagée entre chrétiens)

 

 

 

 

 

 

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