REFLEXION « CHARLIE HEBDO »
Voici quelques échos de ma participation à la manifestation à GOULT, le dimanche 11 décembre 2015, en protestation contre la violence manifestée à Charlie-Hebdo, pour marquer l'attachement à la tolérance au respect de la liberté et pour la fraternité.
Oui à ce moment important où les gens réagissaient, dans un sens positif, je désirais moi aussi « participer », me mêler aux autres, vivre un moment de fraternité concrètement.
Le maire avait envoyé une invitation à cette démarche. On se rassembla devant la mairie. A l'heure dite (15h.) le maire dit un petit mot, on nous remit une petite affiche : « Je suis Charlie » et nous voici partis pour une marche dans le bourg, se côtoyant tous, se touchant parfois, se faisant des signes d'amitié entre personnes connues. Nous y avons vu des gens très divers. C'était une ambiance détendue, paisible, heureuse, souriante, chaleureuse. La fin de la marche s'est terminée devant le monument aux morts. Là le maire a fait un discours sur l'importance de nos valeurs défendues, pour le vivre-ensemble. Puis une femme a donné son témoignage personnel pour nous dire les motifs de sa présence, nous avons chanté la Marseille, un conseiller est allé porter une gerbe de fleurs sur le monument aux morts. Et nous nous sommes séparés, heureux de ce moment passé ensemble.
J'ai apprécié, comme les autres, de voir à la télé : • les impressionnantes manifestations, surtout à Paris, mais aussi dans les grandes villes de France, à l'étranger,
• La présentation du défilé des autorités politiques se tenant par le bras.
• Les témoignages de désir du respect de la liberté, de fraternité,
. les musulmans disant qu'ils aiment la France, que c'est leur pays, disant aussi leur souffrance de l'amalgame qui est trop souvent fait entre l'Islam et la violence, entre les musulmans et les terroristes
• Le président de la République, son 1° ministre, le ministre de l'intérieur, la police et la gendarmerie, tous à la hauteur de l’événement.
• Le merci aux policiers
Une fausse note cependant : Marie-Le Pen et l'attitude vis à vis d'elle.
Comme chrétien, j'ai été heureux de voir que les chrétiens ne se tenait pas à l'écart. Participation des autorités religieuses se retrouvant avec leurs collègues, leur message unanime ! Egalement aux messes du dimanche, des prières étaient adressées au Seigneur à ce sujet.
Essai de recul : Ce fut un moment d'émotion important ! À ne pas minimiser par les « intellectuels » … Et on voit ce qu'un tel mouvement est capable de produire pour le vivre-ensemble : confiance en soi, confiance dans les autres. Ce mouvement apparaît comme une réaction saine à la « sinistrose » qui a envahi le pays toute l'année passée. Peut-être est-ce un prélude à ce que pourrait être cette année 2015, puisque, comme l'a annoncé le Président de la République, et le laisse espérer la prochaine encyclique du pape François et la conférence mondiale sur l'environnement à Paris, on semble s'orienter vers une réflexion, non plus seulement sur les droits individuels, mais collectifs, donc sur le bien commun (on peut rêver)
Par ailleurs, nous pouvons constater ceci : si un adversaire bien défini est proposé, comme ce fut le cas ici, nous pouvons nous retrouver très nombreux, unis contre ! Unis entre des millions de personnes pour qui la tolérance, le respect de la liberté est une valeur fondamentale. Ce fut une prise de conscience du pays tout entier, de la force, de la joie, de la paix que cela donne quand, invités par les responsables du pays, on répond spontanément « en citoyen » à ce qui nous tient à cœur. Que ne le faisons-nous pas plus souvent , N'est-ce pas parce que jusqu'ici, nous n'y croyions pas !
Après coup, les « mauvais coucheurs », parmi lesquels on trouve des politiques ou des gens dont le métier est de minimiser l'importance de l'émotion au profit de l'analyse intellectuelle, des courants de pensée diront : oui, mais … c'était un feu de paille, tout le monde n'était pas d'accord, certes ce n'était pas l'unanimité, pourtant ne réduisons pas l'ampleur, la réalité et l'impact de ce qui a eu lieu. Les distinctions entre les motifs, les désaccords sont à prendre en considération, mais la découverte nouvelle de cette force n'est pas à dédaigner. Il s'agit donc de chercher comment, à l'avenir, entretenir « cette flamme », comment renouveler ce moment fort. Oui l'attention au bien commun, aux valeurs qui nous rassemblent sont au-dessus de ce qui nous différencie. Le succès des initiatives prises ces dernières années avec la « fête des voisins » sont une illustration de cette « force souterraine » de bonne volonté qui nous habite ! ------------
Autre réflexion à ajouter sur la nécessité de ne pas séparer liberté de fraternité: Il y a chez St Paul des textes qui donnent à réfléchir (en 1 Cor.8,1-18 surtout 9 et en Rom 14,15) C'est à propos du respect de la conscience des autres, dans des repas communs où des viandes sacrifiées aux idoles sont présentées. Certains, « faibles » peuvent être choqués par la liberté que prennent des gens « forts »s qui ont la connaissance, sont de niveau de formation différent. Paul, au nom de la fraternité, du respect de ces gens demande de ne pas user de cette liberté pour ne pas « scandaliser » ces faibles.
Ainsi, sans rien retirer au positif de la manifestation, je me permets de dire que je n'étais pas d'accord avec "Charlie-Hebdo" et ses supporters. En effet la liberté d'expression est un trésor précieux, mais pas un absolu. Déjà on reconnaît facilement que la liberté des uns doit être limitée par la liberté des autres, mais cela ne suffit pas ! Nous savons que la violence "verbale" existe et elle peut bien fort blesser les gens. Et ne constate-t-on pas qu'elle provoque en réponse une autre violence, celle-là sans mesure, ni limite. On ne peut pas justifier cette réponse, mais on ne peut pas non plus l'ignorer. Si, ce qui est visé, dans la société c'est le "vivre-ensemble", cela veut dire qu'il faut faire attention à ne pas choquer les autres. Là on fait appel à la fraternité. Guillebaud Jean-Claude dénonce, avec raison, dans les medias, la propension à se moquer de tout avec suffisance. En clair, il ne suffit pas, pour vivre-ensemble" de respecter la liberté des autres, mais aussi d'éviter ce qui nuit à la fraternité !
Autre réflexion sur la Rencontre du monde musulman avec le monde moderne ! Elle est difficile ! Et il y a une grande responsabilité des "intellectuels musulmans", qui apprécient les valeurs modernes, et réfléchissent sur leur religion à prendre en charge leurs frères, pour une vraie formation comportant : + une ouverture aux valeurs modernes + au pluralisme + avec une remise en cause de la méthode "fondamentalisme", littérale, d'approche de leurs sources qui ne préparent pas, sont même un obstacle au « vivre ensemble » du monde actuel ! En effet, il leur faut prendre en compte le recul de l'histoire, le fait qu'ils vivent dans un autre contexte de vie que celui du Prophète Mahomet, qu'aujourd'hui il y a des exigences (de tolérance) du vivre-ensemble au milieu de non-musulmans. Ce sont ces gens "éclairés" qui pourrons, de l'intérieur, faire avancer les choses (mentalités et comportements)