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  • : Le blog de luc athimon
  • : Au cours des années, mon activité apostolique en Afrique et en France, m'a amené à travailler un certain nombre de documents. Le désir de partager avec vous et de connaître vos réactions m'a poussé à créer ce blog. Très belles photos d'Afrique ! Amitiés Luc.
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Qui Est Le Père Luc Athimon?

20 février 2014 4 20 /02 /février /2014 17:11

 

L’EVANGELISATION, QU’EST-CE QUE CELA VEUT DIRE  AUJOURD’HUI ?

 

 

1. LE 1° TEMPS : LE TEMPS DE « L’AMITIÉ », DES SIGNES.

 

  • Pour pouvoir « évangéliser », commençons par nous décentrer de nous-même, par être attentifs à ce monde.

  • Aimons notre monde moderne (comme le Seigneur nous le demande) ! Résistons à la tentation d’en vouloir à nos contemporains qui parfois nous critiquent durement. Attention à ne pas déverser notre bile sur les gens et à ne pas les diaboliser. Notre attachement à la tradition pourrait cacher une peur de ce « nouveau monde ». Ce serait le contraire d’une attitude « évangélique » d’amour, de pardon, d’esprit de discernement. Il s’agit de mettre en œuvre, de la part des « ouvriers apostoliques » toutes leurs capacités de confiance.

    C’est LE 1° TEMPS : LE TEMPS POUR LIER « L’AMITIÉ » avec ceux que nous rencontrons.

  • Commençons donc par regarder, écouter, accueillir ce monde, c’est la 1° preuve d’amour.

  • Par ailleurs, il n’est pas juste de présenter la Foi comme pour « boucher les trous » de notre humanité. Au contraire, il faut être attentif aux « signes des temps » (comme dit le Concile Vatican II) Ayons un regard positif sur la découverte de l'autonomie des réalités par notre monde moderne, voyons le positif d'une soumission humble aux réalités avec leurs propres lois, le positif de la reconnaissance de leur consistance ! Les gens vivent « des valeurs » qu’il faut repérer, et auxquelles il est important de faire appel !

  • L’intérêt que nous portons à leur vie est, pour les gens, un « signe ».

  • En effet, quand le temps de parler de Dieu sera venu, la 1° Parole sur Dieu sera de leur dire que Dieu lui-même s’intéresse à leur vie, car il les aime ! Comment celui qui va parler de Dieu pourrait-il négliger de manifester lui-même cette amitié à celui avec qui il entre en contact ?

  • Notre écoute bienveillante et la qualité de nos engagements toucheront les gens et les amèneront peut-être à nous questionner sur ce qui nous motive, nous anime : soit le sérieux de notre conscience professionnelle dans le travail - soit notre engagement humanitaire - soit notre engagement dans la société pour améliorer les relations (avec voisins) ou animer le quartier ou notre engagement politique etc….Et alors nous pourrons « rendre compte de notre espérance », comme dit St Pierre  !

  • Pour la Mission, soyons donc patients ! Il y a tout un cheminement, ne télescopons pas les temps. Le temps pour nous intéresser à la vie des gens, pour nouer l'amitié avec eux n'est pas du temps perdu, mais c'est une condition pour pouvoir ensuite parler de Dieu correctement.

 

 

 

2. TENONS COMPTE DE LA MENTALITE COLLECTIVE.

 

 

 

Compter seulement sur la force du témoignage ne suffit pas. Combien de parents, même très engagés, ont fait cette constatation avec leurs enfants qui ne suivent pas leur chemin.

 

N'oublions pas d'être attentifs à la mentalité collective dans laquelle nous baignons.

 

Quelqu'un a dit : « Notre monde ne se pose plus de questions existentielles, ni sur la transcendance » 

 

C'est peut-être exagéré, mais il y a, en ces mots, une bonne part de vérité.. Cela voudrait dire que les « évangélisateurs » passent à côté de la réalité : Ils veulent donner des réponses à des questions qui ne se posent pas, auxquelles les gens sont tout à fait indifférents ! Le poids des habitudes, des manières de penser « toutes faites » de la mentalité collective peuvent de fait étouffer les questions de fond ! Les gens seraient COMME « ENFERMÉS DANS UNE BULLE ». Tout le monde baigne là-dedans. On se heurte à cela. C’est à ce vide qu’il faut être attentifs.

 

Il y aurait donc un préalable : aider les gens à se poser les questions de fond, avant de donner la réponse de la FOI ! Rappelons-nous comment Jésus a fait cheminer la Samaritaine, de préoccupations terre à terre à la question existentielle pour elle de son désir de vivre, d'aimer ; qu'il propose de combler. Et c'est dans tout l'Evangile qu'on voit Jésus s'appuyer sur le désir de sécurité, de libération, de vie, de reconnaisance par les autres , autant de réalités fondamentales. Et c'est à partir de là qu'il ouvre au transcendant !

 

Cherchons donc qu’est-ce qui, dans la vie des gens, peut les provoquer, les ouvrir à une remise en question de cette mentalité trop « fermée », les amener à se poser les questions existentielles(sur le pourquoi de la vie, sur la mort, la liberté, le problème du mal, la marche du monde, où va le monde ?) .

 

Individuellement,les voyages, les séjours à l’étranger dans des pays de culture différente, un évènement fort dans leur vie, qui les fait prendre du recul par rapport à la mentalité collective (comme un accident, un divorce, une maladie …), un film, un livre, une conversation sont des éléments qui peuvent faire retrouver « l’étonnement », les questions existentielles.

 

Collectivement, une crise,comme la crise financière et économique et ses conséquences, une grande catastrophe peuvent bouleverser (voir le livre de Guillebaud « Comment je suis redevenu chrétien » : le point de départ de sa conversion ce fut quand, à la suite de ce qu’il voyait dans son métier de grand reporter, il s’est mis à s’interroger sur « la marche du monde »)

 

Si c’est ainsi, sachons RESTER VIGILANTS, EN ÉVEIL VIS-À-VIS DE CES CHOSES QUI PROVOQUENT LES GENS, de leurs réactions, pour pouvoir en dialoguer avec eux. Cela suppose aussi que nous soyons proches de leur vie pour, nous-mêmes, ressentir les mêmes questions de l’intérieur.

 

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Encart :

Vivre notre situation, à propos de communication de Foi, dans un esprit Evangélique

 

DISCERNEMENT A PROPOS DE LA DIFFICULTE DE TRANSMISSION DE LA FOI

 

AUX ENFANTS, EN FRANCE, AUJOURD’HUI.

 

Il y a eu « rupture » de générations : les enfants ne suivent plus le chemin de leurs parents.

 

Cela nous touche. Sachons faire un effort de discernement !

 

Voyons d’abord les attitudes à dépasser :

 

1) Quelquefois nous nous culpabilisons

 

2) Ou bien nous essayons de nous rattraper en minimisant l'importance de la Foi, la relativisant, on dit : « il suffit d’aimer son prochain »

 

3) Ou bien nous jugeons sévèrement les jeunes qui ont abandonné

 

4) Ou encore nous vivons dans l’amertume, la tristesse

 

5) Quelquefois nous pouvons aller jusqu’à désespérer de l’avenir de la Foi et de l’Eglise : de l’impression d’échec personnel on transpose à l’échec de l’Eglise et à l’échec de Dieu.

 

Il faut chercher quelle serait la bonne réaction !

 

  1. Cette crise nous provoque à grandir nous-mêmes dans la Foi : La Foi, ce n’est pas évident ! Et nous pouvons dire merci sans cesse d’avoir reçu nous-mêmes cette grâce !

  2. Vivons nous-mêmes dans le présent, cherchant toujours à approfondir notre propre Foi : qu’elle devienne toujours plus « source de vie et de joie, de dépassement pour nous ». Ainsi d’ailleurs elle deviendra attrayante. Et le Seigneur lui donnera les fruits qu’il désire.

  3. Nous butons sur la liberté de nos enfants. C’est un appel à un surcroît d’amour et de respect.

  4. La réaction bonne consiste également à ne pas chercher, par de fausses pistes, à minimiser la peine de voir les jeunes ne pas croire et passer ainsi à côté d’un trésor. Mais portons cette peine dans la paix et, ajoutée à l’affection, qu'elle nous stimule : transformons-la en prière incessante pour les enfants (comme Sainte Monique qui a obtenu la conversion de son fils Saint Augustin.)

 

5) Etre vigilants. Si, un jour, nos enfants sont bouleversés par quelques évènements (qui les font prendre du recul par rapport à la mentalité collective) ils accéderont peut-être à un niveau de réflexion inhabituel. Que les parents cherchent comment entretenir les questions de fond et suggèrent peut-être quelle réponse eux-mêmes donneraient (inspirés par la Foi).

 

3. Viendra peut-être, un jour, le passage au

 

2° temps : celui de « LA 1° ANNONCE DE LA BONNE NOUVELLE»

 

Comment se fait-il ? Nous pouvons avoir une vie « parlante », qui pousse certaines personnes à nous interroger, et nous avons alors, comme dit St Pierre, à « rendre compte de notre Espérance », dire comment notre engagement a quelque chose à voir avec notre Foi en Jésus Christ ! Il s’agit de le faire valablement.

Cela suppose : une FOI ATTIRANTE, de « TEMOIN » c.a.d.

  • qu’elle soit en rapport avec cet engagement qui a provoqué les questions sur nos motivations. Nous y reconnaissons la présence, l’action du Seigneur. Et ainsi nous pouvons parler en « témoins » et dire comment la Bonne Nouvelle à laquelle nous croyons est aussi appel à un changement total de regard et de vie.

  • Ce regard nouveau, cette vie nouvelle, nous la puisons en la Personne de Jésus.

    Ayons Foi en la Personne de Jésus et en la marche du « Royaume de Dieu »

  • Nous sommes convaincus que Dieu s’intéresse à notre vie, dans notre monde moderne, c'est cela que Jésus nous a révélé.

  • que notre Foi soit liée aux réalités de notre vie, vécue positivement dans notre monde d'aujourd'hui.

  • Et soyons conscients et capables de dire le « plus » que notre foi nous apporte.

    Quel est-il ?

    Pour un chrétien, l’engagement, l’amour du prochain a sa source en Jésus Christ. Il nous a montré le vrai visage de Dieu le Père. Il s’est engagé le premier par amour et nous a appris à aimer et nous engager aussi. Ainsi, notre engagement est une humble réponse.

    D’autre part, nous croyons que, dans le présent, nous sommes embarqués dans le grand projet de Dieu : la réalisation du « Royaume de Dieu » et l’Esprit de Dieu nous accompagne et renouvelle notre regard sur les autres.

    Enfin une direction, un sens nous est donné : la visée c’est l’alliance, la communion entre nous tous, les hommes, avec la Création et avec Dieu.

  • Soyons aussi conscients et disons que nous sommes reliés à UNE COMMUNAUTE DE CROYANTS 

  • Ayons un minimum de sens du dialogue, de la communication.

 

Et déjà des partages de Foi entre Chrétiens peuvent nous initier à ce partage de Foi avec des non-croyants.

 

Ainsi le 1° temps et le 2° Temps de l’Evangélisation sont confiés à tous, prêtres et fidèles.

 

Disons donc au Seigneur notre reconnaissance devant une telle confiance, et agissons en responsables !

Enfin, on arrivera au 3° temps : celui de « la Catéchèse » ! (donc pas dès le commencement)

 

CARACTERISTIQUE DU MONDE MODERNE :  

 

RECHERCHE    D ’ A U T O N O M I E  !

 

d’après José REDING « TRAVERSEES »

 

Précédemment, dans la réflexion sur l’Evangélisation, nous avons vu surtout comment notre monde s’est éloigné de la Foi, de l’Eglise.

Mais il faut dire aussi que l’attention de l’Eglise elle-même, notre attention au Monde Moderne doit  être développée, dans l’esprit du Christ Jésus, qui « voyant les foules en eut compassion, car elles étaient comme des brebis sans berger ».

Alors faisons l’effort de mieux connaître le monde dans lequel nous vivons pour mieux l’aimer.

Ce qui caractérise notre monde moderne c’est qu’il est en recherche d’ A U T O N O M I E ,

(alors que, dans le monde « traditionnel », l’obéissance à une autorité était valorisée).

L’autonomie caractérise une relation qui n’est pas faite de dépendance causale mais d’interdépendance réciproque. Elle caractérise le vécu d’une relation positive où chacun est chaque jour renvoyé davantage à sa propre puissance créatrice grâce à l’autre. …Un être autonome (dans une relation) est un être qui peut approcher l’autre à partir de son identité propre et y est renvoyé.  Une relation engagée sur la base de l’autonomie est une relation ou la décision responsable des partenaires est exigée.

L’ordre de la foi se situe dans ce registre relationnel, dans l’ordre de l’alliance.

Il s’agit d’autonomie de l’agir humain par rapport à Dieu, mais aussi entre les 3 sphères d’activité humaine qui normalement ne se concurrencent pas, car n’empiètent pas l’une sur les autres : activité scientifique et technique - activité normative ou éthique - activité expressive. Pour être plus précis, disons que chaque sphère d’activité a ses lois, son langage, ses critères de validité propres :

ØAinsi au niveau  de l’activité scientifique et technique fonctionne le critère de véritévérifiable. Ce critère se prolonge dans celui d’efficacité.

ØAu niveau de l’activité normative, fonctionne le critère de valeur de la  justice universelle.

ØAu niveau de l’activité expressive fonctionne le critère de valeur de l’authenticitéparticulière.

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 QUE PENSER, COMME CHRETIEN, DE LA RECHERCHE D’AUTONOMIE

DE NOTRE MONDE MODERNE

 

Voici ce qu’en dit le Concile Vatican II, dans le document « Gaudium et Spes » n°36

1. Un grand nombre de nos contemporains semblent redouter un lien étroit entre l’activité concrète et la religion : ils y voient un danger pour l’autonomie des hommes, des sociétés et des sciences.

2. Si, par autonomie des réalités terrestres, on veut dire que les choses créées et les sociétés elles-mêmes ont leurs lois et leurs valeurs propres,que l’homme doit peu à peu apprendre à connaître, à utiliser et à organiser, une telle exigence d’autonomie est pleinement légitime : non seulement elle est revendiquée par les hommes de notre temps, mais elle correspond à la volonté du Créateur.

C’est en vertu de la création même que toutes choses sont établies selon leur consistance, leur vérité et leur excellence propres, avec leur ordonnance et leurs lois spécifiques.L’homme doit respecter tout cela et reconnaître les méthodes particulières à chacune des sciences et techniques. C’est pourquoi la recherche méthodique, dans tous les domaines du savoir, si elle est menée d’une manière vraiment scientifique et si elle suit les normes de la morale, ne sera jamais réellement opposée à la foi : les réalités profanes et celles de la foi trouvent leur origine dans le même Dieu.

Bien plus, celui qui s’efforce, avec persévérance et humilité, de pénétrer les secrets des choses, celui-là, même s’il n’en a pas conscience, est comme conduit par la main de Dieu, qui soutient tous les êtres et les fait ce qu’ils sont.

À ce propos, qu’on nous permette de déplorer certaines attitudes qui ont existé parmi les chrétiens eux-mêmes, insuffisamment avertis de la légitime autonomie de la science. Sources de tensions et de conflits, elles ont conduit beaucoup d’esprits jusqu’à penser que science et foi s’opposaient.

3. Mais si, par « autonomie du temporel», on veut dire que les choses créées ne dépendent pas de Dieu et que l’homme peut en disposer sans référence au Créateur, la fausseté de tels propos ne peut échapper à quiconque reconnaît Dieu. En effet, la créature sans Créateur s’évanouit. Du reste, tous les croyants, à quelque religion qu’ils appartiennent, ont toujours entendu la voix de Dieu et sa manifestation, dans le langage des créatures. Et même, l’oubli de Dieu rend opaque la créature elle-même.

Le regard positif sur la découverte de l’autonomie des réalités,

la soumission humble aux réalités avec leurs lois propres,

la reconnaissance de leur consistance

doivent se dire, dès les premières étapes de l’évangélisation de notre monde moderne.

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ENTRE DIEU ET L’HOMME, Y A-T-IL UNE CONCURRENCE FONDAMENTALE ?

 

(d’après André Wenin « L’homme biblique »)

André Wenin, exégète de renom, conteste la manière d’interpréter la lecture de la GENESE que nous avons habituellement. Pour lui cela vient d’une mauvaise connaissance de la Bible. On prend pour un récit historique ce qui est « un écrit théologique » utilisant un procédé « mythique » (sorte de conte, qui consiste à condenser dans un « commencement » imaginaire primordial ce qui et censé échapper aux avatars de l’histoire, ce que l’on considère comme universalisable.). Pour lui il y a risque d’avoir un présupposé qui, à ses yeux, ressemble à l’image que le serpent de l’Eden donne de Dieu et de l’être humain c.a.d. :

On admettrait ainsi un Dieu de toute manière supérieur à l’homme, qui entend bien le rester, mais condescend à faire alliance avec lui pour son salut.

Réciproquement, on concevrait un homme qui aurait nécessairement besoin de Dieu pour s’en sortir, mais ne pourrait le faire qu’en lui étant obéissant.

Bref, entre les 2, il y aurait une concurrence fondamentale qui, bien sûr, pourrait être dépassée dans une alliance, mais seulement au prix de la soumission de l’homme, une soumission dont on fait croire qu’elle est l’unique chemin de liberté possible.

A ce type de lecture, Wenin rappelle que, pour un chrétien, tout l’Ancien Testament (y compris la Création et la faute) doit être relu et interprété à la Lumière de ce qui est révélé de l’homme et de Dieu en Jésus Christ ! Et il dit : « Aussi, le chrétien préférera au schéma linéaire une autre représentation de l’histoire du salut où un Dieu amour crée l’être humain dansl’ardent désir de vivre avec lui une communion authentique, et non pour le maintenir à distance et sous sa dépendance par un interdit arbitraire dont la transgression mène à la mort, la vie étant la récompense de l’obéissance et de la soumission. »

Relisons le 1° récit de la Création dans Genèse 1,1 à 2,2 Le septième jour, Dieu achève son oeuvre de création (2,2),

il met une limite à sa propre puissance créatrice et se repose. Cela donne à réfléchir ! Dieu se montre ainsi « plus fort que sa force, ce qui est la définition de la douceur de Dieu ». La création culmine donc dans une image de douceur. Cette image de douceur est déjà présente durant les 6 premiers jours, puisque c’est par sa parole que Dieu exerce sa maîtrise sur le créé. (le contraste est saisissant entre cette forme de maîtrise et la puissance violente déployée dans le combat par les divinités créatrices dans les religions du Proche-Orient ancien).

En mettant un terme à son intervention créatrice, Dieu ouvre pour l’homme et la femme « un espace de liberté »(d’autonomie) où agir en responsabilité, où être créateurs à leur tour en exerçant une réelle maîtrise, lui qui précédemment leur a confié la mission de dominer la terre en maîtrisant les animaux (1,29).

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AUTONOMIE ET INTERDIT (limite)

(d’après André Wenin « L’homme biblique »)

Si Dieu est soucieux de notre Autonomie, comment comprendre la « limite » qu’il lui donne (quel sens a l’« interdit ») ?

Dans la Bible, relisons le second récit de la création et celui de la chute (Gn 2,4b à 3,24).

Nous constatons que le serpent (image de Satan) présente la loi à Eve uniquement comme une interdiction « frustrante » (non comme une réalité structurante) (3,1). Mais si, au lieu de se laisser faire par Satan et de se braquer sur la limite que fixe la loi (2,17), nous considérons tous les dons que le Seigneur Dieu fait à l’homme pour son bonheur (2,16 « de tout arbre du jardin tu mangeras »), alors nous sommes amenés à lire autrement l’ordre divin, cette « parole qui fait de l’ordre » Nous n’acceptons pas l’interprétation du Satan, qui dit Dieu JALOUX de sa supériorité et voulant maintenir les hommes en infériorité. C’est pour une raison beaucoup plus profonde que psychologique, une raison fondamentale, vitale qu’existe cet interdit, cette limite.

Alors que tout est donné (2,16), l’interdit marque une limite (2,17) et définit de la sorte un espace pour l’autre, ce qui est indispensable à la vie. L’abolition de cette limite procéderait d’un vouloir jaloux et totalisant (symbolisé par le « prendre » et le « manger » (3,6). C’est seulement quand il n’est pas approprié jalousement qu’un don devient chance de relation, d’échange :

1)      relation avec d’autres dans le partage       

2)    et relation avec Dieu dans la re-connaissance.

En posant une limite à la toute-puissance du désir, la loi ouvre l’individu à la reconnaissance de l’autre et donc à la relation qui fait vivre.

C’est justement la relation qui est vitale, dans la Bible comme dans la vie.

Dans un amour authentique, les partenaires n’ont pas peur de montrer leurs limites, de se faire vulnérables face à l’autre. Mais si l’un refuse ses limites et veut être tout, il casse la relation. Bref, dans ce récit, la limite peut être autre chose qu’une frustration : elle est la possibilité de reconnaître et d’accueillir avec joie la différence de l’autre et sa propre limite....En voulant être tout, l’être humain ouvre la porte à la violence qui érode l’harmonie.

Donc Dieu nous a donné une autonomie bien réelle, mais pas absolue ; elle est située par rapport à une vie « relationnelle » !

 

AUTONOMIE et LIMITES   EN VUE  D’UNE   CO M M U N I O N

(d’après André Wenin « L’homme biblique »)

Chercher l’autonomie dans l’immédiat, soit !   Mais est-ce suffisant ?  Liberté pour quoi  faire ?

C’est peut-être l’interrogation la plus lourde que suscite la situation contemporaine  et liée à de nouvelles valeurs.

La Bible, dans la Genèse, nous dit que le don (de l’autonomie) et la loi (sa limitation) viennent de Dieu. Or ils cachent Dieu tout autant qu’ils le révèlent. Le don montre Dieu comme volonté de vie, de bonheur; la loi le montre comme volonté de mort, de malheur. Mais l’un et l’autre cachent que Dieu est essentiellement désir de rencontre, de face-à-face, d’alliance.

DES LORS, IL APPARAIT QUE DON ET LOI SONT RADICALEMENT ORDONNES A UN TROISIEME TERME, LA COMMUNION.

Le don est vu alors comme l’invitation discrète du Seigneur à le rencontrer

et la loi exprime que Dieu est inévitablement « autre » que nous et  cela signe, pour nous, l’échec de tout rêve de fusion.

La fonction de la loi c’est de contester une « certaine manière » de posséder le don (toute centrée sur nous-mêmes), et de laisser ainsi la place pour un possible au-delà du don qui est la reconnaissance de celui qui donne. (comme le refusèrent Adam et Eve, mais comme le firent Abraham et Jésus)

Nous disions plus haut que le don risque de cacher Dieu. Comment ? Dans la mesure où il vient combler un désir exacerbé par l’attente, le don non seulement risque de donner lieu à une possession fusionnelle oublieuse du don et porteuse de mort, il peut aussi dessiner l’image d’un Dieu pure projection du désir, un Dieu modelé par le manque de l’homme, un Dieu sans consistance propre, simple image de l’homme. Par la voie du désir seul, on ne rencontre que soi et on s’absente de toute relation. D’où la fonction vitale de la loi.

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En conclusion sur la recherche d'autonomie

Il est bon de le rappeler, "la recherche d’autonomie" est une clé qui nous ouvre à la compréhension de bien des choses.

Dans l’histoire de notre monde, il a fallu du temps pour arriver à cette Autonomie. Rappelez-vous comment au siècle des Lumières, les différentes découvertes de la science ont permis des avancées techniques. Et comment, après ces sciences positives, l’avènement des sciences humaines, comme la psychologie, la sociologie, l’anthropologie etc.. ont influencé les mentalités. On découvrait les lois de fonctionnement de réalités terrestres et humaines, sans faire appel à la religion. Alors que jusqu’ici, on cherchait exagérément l’explication de tout, par la religion. Il y a eu des conflits avec l’Eglise : l’affaire Galilée, par exemple.  Par la suite l’Eglise reconnaîtra ses erreurs de position. Il en est ressorti aussi des exagérations où des scientifiques sont aussi sortis de leur domaine, pour affirmer que la religion était une invention humaine due à l’ignorance. Maintenant les choses se sont apaisées et c’est clair. L’Eglise a reconnu et affirmé qu’on pouvait et devait comprendre que les réalités terrestres ont une certaine « autonomie », ont leurs lois propres. C’est un progrès, à n’en pas douter. C'est aussi un appel à :

1) Une purification :  Il s’agit maintenant de vérifier si nous ne mettons pas encore sous le mot « Dieu » de nombreuses réalités pour lesquelles nous n’avons pas encore d’explications ; par exemple distinguons bien le domaine de la Foi du psychologique.  La science ne nous aide-t-elle pas à une véritable « purification » ?

Que notre Foi fasse une place à l’autonomie des réalités, avec le souci de « rejeter les fausses images de Dieu et de la Foi (les idoles ») !

2) Et, positivement, travaillons à développer nos talents, à devenir plus compétents, dans les diverses réalités terrestres où nous sommes engagés !

 

JESUS CHRIST et  L’AUTONOMIE OUVERTE A LA RELATION

(d’après André Wenin « L’homme biblique »)

 La vérité de Dieu se manifeste en Jésus-Christ qui, dans la condition de Dieu, ne tint pas comme une proie à saisir l’être à égalité avec Dieu(Dieu ne considère pas l’être-Dieu comme supériorité à retenir !) Mais il s’est vidé de lui-même (donnant et se donnant) en prenant la condition de serviteur (Ph 2, 6-7a) Telle est l’authentique seigneurie, pour Dieu, celle qui fait honneur à la gloire du Père (Ph 2, 11). Jean ajoutera que cette manifestation est en vue de la communion (1 Jn 1, 1-3) : le Seigneur et Maître qui lave les pieds des disciples pour qu’ils « aient part avec lui » (Jn 13, 8) révèle de la sorte le vrai nom de Dieu, afin que puisse se réaliser la communion dans l’amour (Jn 17, 6.21-26), accomplissement de la création.

Il a accepté que sa propre « autonomie » soit limitée par sa condition humaine, pour s’approcher des hommes et les sauver ! Il s’agit donc d’une autonomie ouverte à la relation.

D’autre part, la relation de Jésus au Père est une relation d’amour, dans le respect de l’autonomie des 3 personnes de la Trinité ! Jésus a fait preuve d’une Liberté réelle !

Voilà un Dieu qui ne ressemble guère à ce créateur ombrageux qui châtie les hommes s’ils veulent prendre sa place et exige le sacrifice du meilleur d’entre eux pour qu’ils ne restent pas dans la malédiction.

Dieu est amour « dès le début » c.a.d. radicalement. Tellement amour qu’il « laisse la place » et se fait discret, indiquant le chemin sur lequel il se cache, avec l’espoir secret qu’un homme lui fera le bonheur de le reconnaître (dans la réciprocité et l’alliance). Jésus est ce bonheur de Dieu, bonheur de l’homme tout à la fois.Car il y a si peu de concurrence entre l’homme et Dieu qu’en Jésus, ils communient. Le mensonge du serpent est, en lui, démasqué de manière radicale et décisive.

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AUTONOMIE  ET  PRIERE

 

Notre croissance humaine et le fait de vivre dans le monde moderne nous incitent à rechercher notre autonomie, à reconnaître nos capacités, et alors notre prière est appelée à évoluer !

Nous constatons des changements : lorsqu’une difficulté se présentait dans notre vie, autrefois, comme nous étions habités par des sentiments « religieux », nous avions recours à la prière pour trouver en Dieu une solution. Mais maintenant, nous essayons de résoudre par nous-mêmes nos difficultés, au lieu de nous adresser à Dieu. La prière nous semble inutile !

Ainsi la découverte de nos capacités risque de nous  éloigner de Dieu. Certains en auront mauvaise conscience, se sentiront coupables d’oublier Dieu.

Pourtant, dans notre recours fréquent à Dieu que nous appelions « confiance en Dieu » se cachait peut-être une ambiguïté. On peut douter de la qualité d’un type de confiance en Dieu construite sur le manque de confiance en soi. Et ce n’est pas Dieu, mais une certaine image de Dieu que nous abandonnons, une image qui a besoin d’être « purifiée ».

Dieu ne peut que se réjouir de nous voir découvrir les capacités qu’il nous a données et nous en servir. Le visage de Dieu qui ressort de la Bible est celle de quelqu’un qui ne désire rien d’autre que de nous voir grandir. Il nous fait confiance.

Alors notre prière ne doit pas disparaître, mais se transformer.

Cette reconnaissance de nos capacités, des dons que Dieu nous a faits, entraînant en nous une plus grande assurance, consistance n’est-ce pas source de joie et de remerciement ?

 Nous sommes plus que jamais appelés à développerl’offrande de nous-mêmes et de nos activités, à rendre grâce, sans cesse, au Seigneur de nous accompagner. Gardant un grand souci de cette communication avec le Seigneur, soyons généreux pour l’entretenir !

En  définitive, le chemin vers l’autonomie n’est-il pas une chance pour notre croissance, y compris dans la qualité de notre relation avec Dieu ?

 

PRIERE APOSTOLIQUE

 

 24.10.12 : Comment serait une prière pour l'Evangélisation, intégrant la réalité du monde moderne et la découverte, en Eglise, de l'autonomie des réalités terrestres, (comme le dit Vatican 2 dans l"Eglise dans le monde de ce temps")

n°36. §2.Si, par autonomiedes réalités terrestres, on veut dire que les choses créées et les sociétés elles-mêmes ont leurs lois et leurs valeurs propres, … une telle exigence d’autonomie est pleinement légitime : non seulement elle est revendiquée par les hommes de notre temps, mais elle correspond à la volonté du Créateur. C’est en vertu de la création même que toutes choses sont établies selon leur consistance, leur vérité et leur excellence propres, avec leur ordonnance et leurs lois spécifiques. L’homme doit respecter tout cela et reconnaître les méthodes particulières à chacune des sciences et techniques. …les réalités profanes et celles de la foi trouvent leur origine dans le même Dieu. Bien plus, celui qui s’efforce, avec persévérance et humilité, de pénétrer les secrets des choses, celui-là, même s’il n’en a pas conscience, est comme conduit par la main de Dieu, qui soutient tous les êtres et les fait ce qu’ils sont. À ce propos, qu’on nous permette de déplorer certaines attitudes qui ont existé parmi les chrétiens eux-mêmes, insuffisamment avertis de la légitime autonomie de la science. Sources de tensions et de conflits, elles ont conduit beaucoup d’esprits jusqu’à penser que science et foi s’opposaient.

 

  PRIERE  APOSTOLIQUE    24.10.12

·      Merci, Seigneur d’avoir éveillé en ton Eglise le désir, le souci d’évangéliser le monde nouveau   qu’est le monde moderne.

·      Notre monde est touché par « la sécularisation ».Voyant que ce courant entraîne chez beaucoup un abandon de la Foi en toi, alors qu’il peut être purificateur, nous sommes tentés d’être aveugles et injustes. Pourtant le christianisme n'a-t-il pas lui-même contribué à cette émancipation de la société par rapport à la religion ? Donne-nous un esprit de bienveillance.

·      Le mouvement de fond de la découverte par des hommes de leurs capacités, de leur autonomie même ne vient-il pas de ton Esprit ?   Aide, Seigneur, notre Eglise, les chrétiens  à intégrer à leur foi, à leur prière, cette découverte de nos capacités humaines, et de la consistance des choses. Aide-nous à faire le passage d'une foi d'enfance à  une foi adulte.

·       La désaffection de bon nombre nous fait mieux découvrir ton visage, Seigneur, mieux découvrir ta miséricorde, car tu ne les extermines pas, ne les juges pas ! C'est toi qui nous as donné notre liberté, cette possibilité de choix. Dans ton humilité et ton amour inconditionnel, tu es grand, Seigneur.

·      Merci, Seigneur, de nous avoir fait, à nous chrétiens, la grâce de la Foi.

Grâce à la Foi, nous connaissons la joie de nous savoir aimés, comme fils et filles de Dieu, promis à une vie qui ne finira pas. En plus de la grâce d'exister (que tu accordes à tout homme) tu nous as fait une grâce supplémentaire, celle de te reconnaître. Cette reconnaissance transforme, transfigure toute nos existences !

C'est une véritable nouvelle naissance : "En Christ, dit Paul, vous êtes une créature nouvelle."2 Co,5-17. L'effet de cette reconnaissance est un supplément de joie, autant pour nous les témoins qui proposons la foi, que pour ceux qui y consentent : "Ce que nous avons vu et entendu, écrit Jean, nous l'annonçons afin que vous soyez en communion avec nous, et notre communion est communion avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. Et nous vous écrivons cela pour que notre (votre) joie soit complétée." 1 Jn 1,5-6)

·       C'est même, Seigneur, cette Foi qui nous fait jeter un regard miséricordieuxsur la situation où se trouvent nos frères incroyants.

·      Nous essayons de comprendre tous les obstacles que nos contemporains rencontrent pour accéder à la Foi. Et la connaissance de l'histoire des rapports entre l'Eglise et le mouvement d'émancipation de la société nous révèle les fautes de l'Eglise elle-même. Seigneur, pardonne à nos pères leur fermeture.

Oui, Seigneur, aide ton Eglise à comprendre et reconnaître que si Dieu apparaît à bien de nos contemporains comme "insupportable", c'est que, dans le passé, l'Eglise a fait la faute de condamner le progrès, la science, et certains, encore actuellement, gardent une grande méfiance vis à vis de la sécularisation.

·    Pourtant, malgré les difficultés, la charité nous pousse toujours à partager cette Foi .

 

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PRIERE AVEC NOTRE MONDE MODERNE

·         Merci, Seigneur, de ce goût du progrès, de la croissance que tu as donné aux hommes en notre temps,merci pour l'intelligence des scientifiques, le sens de l'efficacité, l'habileté des techniciens. Tu te réjouis de voir tes enfants se développer et transformer la nature, toi qui as mis l'homme dans un jardin pour le cultiver (Genèse) ..Tu veux qu'à ton image nous devenions créateurs. Soutiens en nous ce désir de grandir et que nous poursuivions nos recherches en d'autres domaines.

·         Merci Seigneur de ces aspirations aux valeurs de liberté, égalité, fraternité, que tu as mises en nous et qui nous poussent à créer de nouvelles conditions pour les vivre.

·         Merci, Seigneur, de tout ce que l'homme développe et qui le réjouit. Que cette confiance en lui qu'il acquiert ne dévie pas vers l'aveuglement, la vanité, la fermeture sur lui.

·         Merci, Seigneur, pour la médecine, pour l'ouverture actuelle au monde.

·         Merci, Seigneur, d'avoir mis en l'homme la capacité d'inventer la démocratie....d'avoir donné aux hommes, après des guerres fratricides, l'intelligence et la générosité d'avoir inventé l'O.N.U., merci pour la création de l'Europe, même si ces organismes sont imparfaits.

·         Seigneur accorde aux hommes de notre temps, le don de la Foi. Qu'ils te reconnaissent Dieu comme leur Père bienveillant, qui ne voit pas l'homme comme son concurrent et qui fait alliance avec nous. Toi qui a mis en nous cette capacité à croître. (Psaume 9)

·         Merci, Seigneur, dans ce nouveau temps de Post-modernité, car nous voyons nos contemporains sortir de l'euphorie scientiste, tu as mis en eux cette nouvelle capacité de se remettre en cause modestement et de faire preuve d'un supplément de discernement et d'esprit critique.

·         Merci, Seigneur, pour des réactions positives entraînées par la malheureuse crise. En effet la crise a mis en relief, comme cause profonde ce qui sommeillait dans notre société : l'importance de l'homme, de la morale, du sens du bien commun. (étouffés par la recherche de l'argent par tous les moyens). On entend des appels à sauver les valeurs qui sont à la base de notre civilisation, à changer de style de vie. Ces réactions sont des signes d'espérance.

 

Cependant il y a aussi des D  E  R  I  V  E S   dans  LA  MODERNITE

d’après José REDING« TRAVERSEES »

 

Rappelons ceci : Par autonomie des réalités terrestres, on veut dire que les choses créées et les sociétés elles-mêmes ont leur consistance, leurs lois internes et leurs valeurs propres, leurs méthodes d’étude propres. L’autonomie des personnes caractérise une relation qui n’est pas faite de dépendance causale mais d’interdépendance réciproque entre partenaires.

a) Mais on constate la domination des valeurs liées à l’activité scientifique et technique qui, à la recherche d’une autonomie « absolue », se ferment sur elles ou empiètent sur les autres.

Il y a survalorisation de l’attitude de maîtrise de l’autre dans toutes les relations, à l’imitation de la maîtrise de la nature. Or l’attitude de maîtrise ne peut être le dernier mot de notre rapport à la nature.

Cette hypervalorisation  provoque bien des dégâts dans le domaine de l’environnement (rapport au monde), entraîne de multiples formes de domination dans le domaine des relations individuelles et collectives (rapport au monde social) et engendre un très grave appauvrissement des échanges interhumains (rapport expressif à l’autre) 

On peut ajouter que la recherche de l’autonomie ne peut être un absolu, sinon que ferait-ton des enfants et des vieillards, des personnes handicapées qui vivent une grande dépendance et méritent le respect de leur dignité ?

b) Cette dérive est tellement forte, en Occident, qu’elle s’est prolongée en théologie. Ainsi on interprète la Genèse, en ce qui concerne l’homme à l’image de Dieu presqu’exclusivement dans cette perspective : l’homme est image de Dieu parce qu’il peut maîtriser l’univers comme le Dieu créateur, dit-on. Dans la foulée, l’activité créatrice de Dieu est d’abord perçue comme une activité de maîtrise et Dieu apparaît comme maître ! Cette interprétation est contestée par André Wenin dans « L’homme biblique ».

Or d’après le texte de la Genèse, la vocation humaine est plutôt celle-ci : dans l’espace d’autonomie que Dieu lui ouvre en se retirant, assumer sa responsabilité face au créé et être lui-même créateur d’un monde « vraiment humain » par « la douce puissance de sa parole », et limitant sa puissance sur les choses à la manière de Dieu. C’est ainsi que l’être humain devient ce qu’il est, l’image de Dieu.

En posant une limite à la toute-puissance (et à la violence) du désir, la loi ouvre l’individu à la reconnaissance de l’autre, et aussi de la nature , et donc à la relation qui fait vivre.

Donc le respect de l’autre est la condition de ma propre vie.  Dans cette ligne, des lois sociales tentent de promouvoir la justice et la solidarité avec les pauvres. (Ex 20, 13; Lev 19, 18.34)  Dans la même ligne, certaines lois cherchent à protéger la terre et les animaux (Ex 20, 10; 23, 12 et Dt 5,14.   Ex 23, 4; Dt 22, 1-4    Dt 25,4  Ex 23, 11; Lv 25, 7   Dt 22, 6-7    Lv.25, 2-6; Lv 25, 8-43

 

L A   P O S T - M O D E R N I T E

d’après José REDING« TRAVERSEES »

 

Devant les dérives de la modernité, il y a des réactions, mais souvent déformées à leur tour. On passe d’une extrémité à l’autre !   (aussi bien dans la société que dans l’Eglise) Par exemple, précédemment, on insistait sur le « rationnel », l’intelligence, maintenant on insiste, exagérément,  sur l’affectif, sur le corporel  et on se méfie de la raison ! Et ce qui  intéresse surtout  c’est l’épanouissement de toute la personne, sans vrai souci du bien commun.

Mais déjà, nous pouvons dire qu’une autre période est commencée qu’on appelle habituellement « la Post-modernité », mot venue de l’art et l’architecture, en 1979.  On a vu les limites de la recherche de liberté (d’autonomie), on s’intéresse maintenant à la relation avec les autres, que ce soit dans le domaine du savoir et de l’agir, que ce soit dans le domaine du vivre ensemble.

Les crises financière, économique puis sociale ont été provocatrices à ce sujet.

Le morcellement excessif du savoir, l’engouement pour les spécialistes, la fermeture des sciences sur elles-mêmes apparaissent maintenant comme des obstacles à renverser pour avancer.

Il existe un commencement de collaboration entre les différentes sciences. La caractéristique de la Modernité est la Recherche de liberté, d’Autonomie, maintenant, en cette période de Post-Modernité, on pense aussi à collaborer, à articuler les différents points de vue (économiques, sociaux, écologiques, moraux etc..).

Le pape Benoît 16, dans son encyclique « Charité dans la Vérité », au n°30 et 31 parle aussi d’approches interdisciplinaires des réalités humaines :

 « Compte tenu de la complexité des problèmes, il est évident que les différentes disciplines scientifiques doivent collaborer dans une interdisciplinarité ordonnée. » … « Le morcellement excessif du savoir, la fermeture des sciences humaines à la métaphysique, les difficultés du dialogue entre les sciences et la théologie portent préjudice non seulement au développement du savoir, mais aussi au développement des peuples …L’élargissement de notre conception et de notre usage de la raison est indispensable » …

En finale, pour réfléchir à notre monde d’aujourd’hui, retenons le nom de Jean-Claude Guillebaud, un auteur préoccupé par la marche actuelle de notre monde et un converti.

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[i]    GUILLEBAUD

    1995 : La trahison des Lumières (1)

    1998 : La Tyrannie du plaisir (2)

    1999 La refondation du monde (3)

    2001 Le principe d’humanité (4)

    2003 Le goût de l’avenir (5)

    2005 La force de conviction (6)

    2007 Comment je suis redevenu chrétien (7)

    2008 Le commencement d’un monde. (8)

    2009 La confusion des valeurs (9)

 

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28 novembre 2012 3 28 /11 /novembre /2012 20:56

 

N°5. LE DEVELOPPEMENT HUMAIN AUJOURD’HUI

 

Benoît 16 apporte son point de vue sur nos réalités actuelles : « Nous savons que, les dernières années, la recherche du PROFITa été le moteur de notre société… « Le « profit », dit-il, est utile si, en tant que moyen, il est orienté vers un but qui lui donne un sens relatif aussi bien à la façon de le créer que de l’utiliser. »

Ensuite il aborde le problème de LA CRISE ACTUELLE, des déséquilibres et des problèmes dramatiques,(effets destructeurs sur l’économie réelle d’une activité financière mal utilisée et, qui plus est, spéculative, l’exploitation anarchique des ressources de la terre, etc..) … La crise devient une occasion de discernement et elle met en capacité d’élaborer de nouveaux projets. C’est dans cette optique, confiants plutôt que résignés,qu’il convient d’affronter les difficultés du moment présent.

Il note, avec lucidité, un certain nombre de CHANGEMENTS(depuis 40 ans), tels que :

Le « Scandale » de disparités devenues criantes, non seulement tend à saper la cohésion sociale mais a un impact négatif sur l’économie elle-même en sapant la confiance. // Changements d’ordre politique : Désormais limite des pouvoirs nationaux. Rôle nouveau à jouer dans les dysfonctionnements de la Finance et de l’Economie. // Changements du point de vue social : difficultés grandissantes pour les organisations syndicales pourtant si nécessaires. Effets souvent néfaste de la DELOCALISATION (le pape aborde ainsi la question de la fiscalité, de la dérégulation du travail, du chômage et de toutes les conséquences, y compris psychologiques, sur les personnes.) // Dans bien des pays pauvres, extrême insécurité vitale : LA FAIM// Les questions touchant à la vie :(avortement, stérilisation, euthanasie), le pape désire que cette question soit « réintégrée » dans une même perspective humaniste de Développement humain INTEGRAL.

Le pape conclut : « Vu la corrélation entre les multiples composantes de la réalité et dans la logique de recherche du Développement INTEGRAL,« QU’ON S’EFFORCE DE FAIRE INTERAGIR LES DIVERS NIVEAUX DU SAVOIR HUMAIN »…LES DIFFERENTES DISCIPLINES SCIENTIFIQUES DOIVENT COLLABORERDANS UNE INTERDISCIPLINARITE ORDONNEE. (pour lui c’est la « vraie » solution)

Le pape termine ainsi ce chapitre : « La nouveauté majeure a été l’explosion de l’interdépendance planétaire,désormais communément appelée « MONDIALISATION » … …SANS L’ORIENTATION DE « L’AMOUR DA NS LA VERITE », cet élan planétaire risque de provoquer des dommages inconnus jusqu’alors …

 

REFLECHISSONS

  • Que pensez-vous de ce que dit le pape à propos de recherche du profit (voir plus haut n° 21) ?
  • A propos du développement économique compromis, le pape parle de déséquilibres, et problèmes dramatiques, quels sont ceux qui vous touchent le plus ? (voir plus haut n° 21)
  • Le pape en conclut : La crise devient ainsi une occasion de discernement et elle met en capacité d’élaborer de nouveaux projets. C’est dans cette optique, confiants plutôt que résignés, qu’il convient d’affronter les difficultés du moment présent.(n°21). Cette façon de voir les choses nous remet-elle en question ?
  • Après avoir énuméré les changements depuis 40 ans, (n°22 à 29) le pape en arrive à une conclusion importante : « Vu la corrélation entre les multiples composantes de la réalité et dans la logique de recherche du Développement INTEGRAL, « qu’on s’efforce de faire interagir les divers niveaux du savoir humain »… les différentes disciplines scientifiques doivent COLLABORER DANS UNE INTERDISCIPLINARITE ORDONNEE. La charité n’exclut pas le savoir »… (n°30)

       Que penser de cet appel à la collaboration, la concertation ?

        Et nous, à notre niveau, à quelles collaborations sommes-nous appelés ?

  • Au plan pratique, Benoît 16 demande qu’on tienne à 2 choses (n°32 : que les écarts de richesse ne continuent pas à augmenter et que tous puissent avoir du travail), qu’en pensez-vous ?
  • En conclusion le pape dit cette chose grave : Toutefois, SANS L’ORIENTATION DE « L’AMOUR DA NS LA VERITE », cet élan planétaire (qu’est la Mondialisation) risque de provoquer des dommages inconnus jusqu’alors ainsi que de nouvelles fractures au sein de la famille humaine.

                                                  Ces propos provoquent en vous quelle réaction  ?

 

 

N°6. FRATERNITE, dans le DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

et la SOCIETE CIVILE

 

Après avoir (dans un 1° chapitre) rappelé Paul 6 qui donne une vue d’ensemble de ce que doit être le Développement, Benoît 16, dans un 2° chapitre a analysé la crise, avec ses dégâts, et a observé tous les changements survenus depuis 40 ans. Cela l’a amené déjà à des conclusions :

  • nécessité de concertation, d’apport de toutes les sciences et tous les domaines pour y répondre.

  • Urgence d’injecter, dans l’élan de mondialisation économique et financière, « l’amour dans la vérité ».

Dans ce 2° chapitre également le pape appelait à prêter attention, en priorité, à 2 points pratiques : l’écart grandissant des richesses et le chômage.

Le 3° chapitre est davantage une recherche de solutions, une réflexion :

L’être humain est fait pour le don ; c’est le don qui exprime et réalise sa dimension de transcendance.…Si le développement économique, social et politique veut être authentiquement « humain », il doit prendre en considération le PRINCIPE DE GRATUITEcomme expression de fraternité.

Le pape encourage DES ACTIVITES ECONOMIQUES, intégrant le PRINCIPE DE GRATUITE

Il est nécessaire aussi que, sur le marché, soient ouverts des espaces aux activités économiques réalisées par des sujets qui choisissent librement de conformer leur propre agir à des principes différents de ceux du seul profit, sans pour cela renoncer à produire de la valeur économique. Les nombreux types d’économie qui tirent leur origine d’initiatives religieuses et laïques, démontrent que cela est concrètementpossible.

…Jean-Paul 2 parlait de« LA SOCIETE CIVILEcomme le cadre le plus approprié pour une économie de la gratuitéet de la fraternité ». et Benoît 16 ajoute : « À l’époque de la mondialisation, l’activité économique ne peut faire abstraction deLA GRATUITE, … (n°38)

À côté de l’entreprise privée tournée vers le profit, et des divers types d’entreprises publiques, il est opportun que les organisations productrices qui poursuivent des buts mutualistes et sociaux puissent s’implanter et se développer.C’est de leur confrontation réciproque sur le marché que l’on peut espérer une sorte d’hybridationdes comportements d’entreprise.

 

REFLECHISSONS

  •  
    • « Il est nécessaire aussi que, sur le marché, soient ouverts DES ESPACES AUX ACTIVITES ECONOMIQUES REALISEES PAR DES SUJETS QUI CHOISISSENT LIBREMENT DE CONFORMER LEUR PROPRE AGIR A DES PRINCIPES DIFFERENTS DE CEUX DU SEUL PROFIT, sans pour cela renoncer à produire de la valeur économique. .. (n°38) » Ces paroles du pape apporte du nouveau, qu’en pensez-vous ?

    • …  « Le binôme exclusif marché-État corrode la socialité, alors que les formes économiques solidaires, qui trouvent leur terrain le meilleur DANS LA SOCIETE CIVILE sans se limiter à elle, créent de la socialité ». (n°39.) Vous-mêmes pensiez-vous donner autant d’importance à la Société Civile ?

N°7. FRATERNITE, dans le DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE et la SOCIETE CIVILE (suite)

 

A propos du MARCHE : Le pape dit que la CONFIANCE manque ; il s’agit de la restaurer !

. le marché n’arrive pas à produire « la cohésion sociale » dont il a pourtant besoin pour bien fonctionner. Sans formes internes de solidarité et de confiance réciproque, le marché ne peut pleinement remplir sa fonction économique. Aujourd’hui, c’est cette confiancequi fait défaut …. Les pauvres ne sont pas à considérer comme un « fardeau », mais au contraire comme une « ressource », même du point de vue strictement économique.)

RECHERCHER LE BIEN COMMUN… « L’activité économique … doit viser la recherche du bien commun, que la communauté politique d’abord doit aussi prendre en charge. … » (on a vu cela les semaines précédentes)

A propos des ENTREPRISES :et des comportements immoraux :

« Elles ont de moins en moins à leur tête un entrepreneur stable …// Elles sont aussi toujours moins liées à un territoire unique.En outre, il y a la fameuse DELOCALISATIONde l’activité productive… au profit desactionnaires(avec oubli des autres catégories de sujets), // Ces dernières années, on a vu la croissance d’une classe cosmopolite de managersqui, souvent, ne répondent qu’aux indications des actionnaires de référence, constitués en général par des fonds anonymes qui fixent de fait leurs rémunérations. // A la suite de Paul 6, Benoît 16 invite « à évaluer sérieusement le préjudice quele transfert de capitaux à l’étranger exclusivement en vue d’un profit personnel, peut causer à la nation elle-même. »iii

Il faut éviter que le motif de l’emploi des ressources financièressoit spéculatif et cède à la tentation de rechercher seulement un profit à court terme …Il n’est pas licite de délocaliser seulement pour jouir de faveurs particulières ou, pire, pour exploiter la société locale. »

L’AUTORITE POLITIQUE…L’économie intégrée de notre époque n’élimine pas le rôle des États, elle engage plutôt les gouvernements à une plus forte collaboration réciproque…

LA MONDIALISATION : …« La vérité de la mondialisation comme processus et sa nature éthique fondamentale dérivent de l’unité de la famille humaine et de son développement dans le bien….

«la mondialisation, a priori, n’est ni bonne ni mauvaise. Elle sera ce que les personnes en feront».

Il faut en corriger les dysfonctionnements, (des projets égoïstes, protectionnistes ou dictés par des intérêts particuliers.)

Orienter la mondialisation de l’humanité en termes de relationalité, de communion et de partage.

 

 

 

 

REFLECHISSONS

  •  
    • Que pensez-vous de cette autre parole : « Sans formes internes de solidarité et de confiance réciproque, LE MARCHE ne peut pleinement remplir sa fonction économique. Aujourd’hui, c’est cette CONFIANCE qui fait défaut, et la perte de confiance est une perte grave… ». ?(n°35)

    • Le pape dit aussi : « Séparer l’agir économique, à qui il reviendrait seulement de produire de la richesse, de l’agir politique, à qui il reviendrait de rechercher la justice au moyen de la redistribution, est une cause de graves déséquilibres…« L’activité économique … doit viser LA RECHERCHE DU BIEN COMMUN, que la communauté politique d’abord doit aussi prendre en charge. … » Dans votre entourage y a-t-il encore des gens à penser que la morale et le politique n’ont rien à voir avec l’économique et la finance ? (n°36 et 37)

    • Que pensez-vous de ce que dit le pape sur l’ENTREPRISE (délocalisations, managers, transfers des capitaux) et de leurs conséquences ? (n°40), sur la responsabilité de L’AUTORITE POLITIQUE ? (n°41), à propos des corrections des dysfonctionnements de la MONDIALISATION ? (n°42)

 

N°8. Le pape aborde les QUESTIONS D’ECOLOGIE, D’ENVIRONNEMENT

 

L’usage de l’ENVIRONNEMENT NATUREL représente pour nous une responsabilité à l’égard des pauvres, des générations à venir et de l’humanité tout entière. Là le pape rappelle, en de très beaux termes, la vision chrétienne de LA NATURE

« Dans la nature, le croyant reconnaît le merveilleux résultat de l’intervention créatrice de Dieu, dont l’homme peut user pour satisfaire ses besoins légitimes dans le respects des équilibres propres à la réalité créé. (Si cette vision se perd, l’homme finit soit par considérer la nature comme une réalité intouchable, soit, au contraire, par en abuser. Ces deux attitudes ne sont pas conformes à la vision chrétienne de la nature, fruit de la création de Dieu.) La nature est l’expression d’un dessein d’amour et de vérité. Elle nous précèdeet Dieu nous l’a donnée comme milieu de vie. Elle nous parle du Créateur (Rom1,20)et de son amour pour l’humanité. Elle est destinée à être « récapitulée » dans le Christ à la fin des temps (Eph.1,9-10 ; Col.1,19-20) Elle a donc aussi une  « vocation ». La nature est à notre disposition non pas comme « un tas de choses répandues au hasard », mai au contraire comme un don du Créateur qui en a indiqué les lois intrinsèques afin que l’homme en tire les orientations nécessaires pour « la garder et la cultiver » (Gn 2,15) Toutefois considérer la nature comme plus importante que la personne humaine elle-même est contraire au véritable développement (dérive panthéiste)… La nature porte en soi une «grammaire» qui indique une finalité et des critères pour qu’elle soit utilisée avec sagesse et non pas exploitée de manière arbitraire. (n°48)

La communauté internationale a le devoir impératif de trouver les voies institutionnelles pour réglementer l’exploitation des ressources non renouvelables, en accord avec les pays pauvres, afin de planifier ensemble l’avenir. Les sociétés technologiquement avancées peuvent et doivent diminuer leur propre CONSOMMATION ENERGETIQUE (n°49)

La société actuelle doit réellement reconsidérer sonSTYLE DE VIEqui, en de nombreuses régions du monde, est porté à l’hédonisme et au consumérisme, demeurant indifférente aux dommages qui en découlent. Un véritable changement de mentalité est nécessaire (n°51)

 

REFLECHISSONS

  • Benoît 16 rappelle, au n°45, que, pour l’Eglise, les 2 piliers éthiques que sont :

             la dignité inviolable de la personne humaine,

           de même que la valeur transcendante des normes morales naturelles,

           découlent du principe de la création de l’homme «à l’image de Dieu» (Gn 1, 27),

          n’est-ce pas une manière de redonner aux chrétiens une cohérence entre leur foi

         et leur attitude morale ?

  • Le pape dit : « L’usage de l’ENVIRONNEMENT NATUREL représente pour nous une responsabilité à l’égard des pauvres, des générations à venir et de l’humanité tout entière. » Quelle est la responsabilité à laquelle vous êtes le plus sensibles ? (n°48)

  • Avez-vous remarqué comment il y a une cohérence pour un chrétien entre sa foi et une certaine attitude morale vis-à-vis de la nature ? (n°48)

  • « Les sociétés technologiquement avancées peuvent et doivent diminuer leur propre CONSOMMATION ENERGETIQUE » dit le pape et il nous invite à reconsidérer notre style de vie (n°49) Sommes-nous prêts à le faire ?

  • Le pape revient sur la question du respect de la vie … « Les devoirs que nous avons vis-à-vis de l’environnement sont liés aux devoirs que nous avons envers la personne considérée en elle-même et dans sa relation avec les autres. » (n°51) Il précise : « La vocation elle-même des personnes et des peuples au développement ne se fonde pas sur une simple décision humaine, mais elle est inscrite dans un dessein qui nous précède et qui constitue pour chacun de nous un devoir à accueillir librement. »

Comment recevons-nous ce message ?

 

N°9. FAMILLE HUMAINE suite sur Encyclique de Benoît 16

 

Sans l’orientation de « l’amour dans la vérité », l’élan planétaire de la mondialisation risque de provoquer des dommages inconnus jusqu’alors ainsi que de nouvelles fractures au sein de la famille humaine. (n°33)

La vérité de la mondialisation comme processus et sa nature éthique fondamentale dérivent de l’unité de la famille humaine et de son développement dans le bien. (n°42)

 

Une des pauvretés les plus profondes que l’homme puisse expérimenter est LA SOLITUDE. Tout bien considéré, les autres formes de pauvreté, y compris les pauvretés matérielles, naissent de l’isolement, du fait de ne pas être aimés ou de la difficulté d’aimer. Les pauvretés sont souvent la conséquence du refus de l’amour de Dieu, d’une fermeture originelle tragique de l’homme en lui-même, qui pense se suffire à lui-même, ou bien considère n’être qu’un simple fait insignifiant et éphémère, un « étranger » dans un univers qui s’est constitué par hasard. L’homme est aliéné quand il est seul ou quand il se détache de la réalité, quand il renonce à penser et à croire en un Fondement.ivL’humanité tout entière est aliénée quand elle met sa confiance en des projets purement humains, en des idéologies et en de fausses utopies.

De nos jours, l’humanité apparaît beaucoup plus interactive qu’autrefois: cette plus grande proximité doit se transformer en une communion véritable.Le développement des peuples dépend surtout de la reconnaissance du fait que nous formons une seule famille qui collabore dans une communion véritable et qui est constituée de sujets qui ne vivent pas simplement les uns à côté des autres.v

Paul VI remarquait que « le monde est en malaise faute de pensée » : il faut qu’il y ait un RENOUVEAU DE LA PENSEE pour mieux comprendre ce qu’implique le fait que nous formons une famille; les échanges entre les peuples de la planète exige un tel renouveau, afin que l’intégration puisse se réaliser sous le signe de la solidarité viplutôt que de la marginalisation. Une telle pensée nous oblige à approfondir de manière critique et sur le plan des valeursLA CATEGORIE DE LA RELATION. Un tel effort ne peut être mené par les seules sciences sociales, car il requiert l’apport de savoirs tels que la métaphysique et la théologie, pour comprendre de façon éclairée la dignité transcendante de l’homme.

             
       REFLECHISSONS  

  • Le poids de la solitude …la valeur de la relation. L’urgence de « se sentir » une Famille ! Comment réagissez-vous à ces paroles ?


 

N°10. LA FAMILLE HUMAINE (suite) suite sur l’Encyclique

 

La créature humaine, qui est de nature spirituelle,se réalise dans les relations interpersonnelles.Ce n’est pas en s’isolant que l’homme se valorise lui-même, mais en se mettant en relation avec les autres et avec Dieu. L’importance de ces relations devient alors fondamentale. Cela vaut aussi pour les peuples.

Quel type d’unité ? A cet égard, la raison trouve une inspiration et une orientation dans la révélation chrétienne, selon laquelle la communauté des hommes n’absorbe pas en soi la personne, anéantissant son autonomie, (n°53) Cette perspective est éclairée de manière décisive par la relation entre les trois Personnes de la Sainte Trinitédans leur unique Substance divine. (N°54)

Pour les croyants, le monde n’est le fruit ni du hasard ni de la nécessité, mais celui d’un projet de Dieu.De là naît pour les croyants le devoir d’unir leurs efforts à ceux de tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté, afin que notre monde soit effectivement conforme au projet divin : celui de vivre comme une famille sous le regard du Créateur.(n°57) ...Le chrétien désire ardemment que toute la famille humaine puisse appeler Dieu « Notre Père ! ».(n°79)

Face au développement irrésistible de l’interdépendance mondiale, et alors que nous sommes en présence d’une récession également mondiale, l’urgence de la réforme de l’Organisation des Nations Uniescomme celle de l’architecture économique et financière internationaleen vue de donner une réalité concrète au concept de famille des Nations, trouve un large écho. (n°67)

Les mediapeuvent constituer une aide puissante pour faire grandir la communion de la famille humaine et l’ethosdes sociétés, quand ils deviennent des instruments de promotion de la participation de tous à la recherche commune de ce qui est juste. (n°73)

 

 

 

    REFLECHISSONS  

Est-ce que j’ai tendance à ne fréquenter que les gens qui me ressemblent ou au contraire ?

Comment est mon comportement vis-à-vis des gens différents de moi ?

Dans la vie de groupe est-ce que je cherche l’uniformité ou l’unité dans la complémentarité ? (que penser de cette phrase « la diversité fait la richesse » ?)


 

N°11. COLLABORATION DE LA FAMILLE HUMAINE

 

Nous avons vu plus haut (n° 9 et 10)) que NOUS FORMONS UNE SEULE FAMILLE non pour vivre « seuls » mais « en relation »… Nous nous réalisons dans les relations interpersonnelles. Nous avons vu aussi quel type d’unité nous cherchons ? C’est à l’image de la Trinité (unité dans la diversité) ! … Il y a un projet de Dieu sur le monde ..D’autre part il est nécessaire que l’Organisation des Nations Unies joue un plus grand rôle. Egalement les mass-média ont un rôle à jouer pour une participation de tous.

 

PLACE DE LA RELIGION DANS LA SOCIETE ET COLLABORATION :

« L’exclusion de la religion du domaine public, comme, par ailleurs, le fondamentalisme religieux, empêchent la rencontre entre les personnes et leur collaboration en vue du progrès de l’humanité.…. La raison a toujours besoin d’être purifiée par la foi, et ceci vaut également pour la raison politique, qui ne doit pas se croire toute puissante. A son tour, la religion a toujours besoin d’être purifiée par la raisonafin qu’apparaisse son visage humain authentique.Larupture de ce dialoguea un prix très lourdau regard du développement de l’humanité ».(n°56) Le pape demande le dialogue entre la Foi et la raison : il pense qu’il peut être fécond.

La Collaboration dans la Famille humaine aborde aussi  les questions :

DES MIGRATIONS : politique sur le long terme, collaboration, normes internationales adéquates,

du SYNDICALISME, appelé à défendre aussi les travailleurs étrangers,

de LA FINANCE : qu’elle soit utilisée de manière éthique, avec réglementation protégeant les sujets les plus faibles. Qu’on encourage le micro-crédit

et mêmede LA CONDUITE DES CONSOMMATEURS : consommer d’une manière plus sobre,

et de L’URGENCE D’UNE AUTORITE MONDIALE.

 

REFLECHISSONS

  • « La rupture du dialogue entre foi et raison entre religion et domaine public a un prix très lourd au regard du développement de l’humanité ».(n°56)dit le pape. Est-ce que c’est ressenti par des non-chrétiens ? Et vous-mêmes qu’en pensez-vous ?

  • Comment réagissez-vous aux propos du pape :

           sur la fiscalité ? le tourisme ? Les migrations ? Les organisations syndicales des travailleurs ? La finance ? 

            L’appel aux réactions des consommateurs ? La nécessité de renforcer l’ONU, de mettre en place une véritable

            autorité politique mondiale ?

 

N°12. TECHNIQUE OUI  ! IDEOLOGIE TECHNICISTE NON  !

 

Benoît 16 dit son désaccord avec la vision « techniciste » du développement : « car le milieu naturel est l’œuvre admirable du Créateur, portant en soi une « grammaire»qui indique une finalité et des critères pour qu’il soit utilisé avec sagesse et non pas exploité de manière arbitraire.

La technique – il est bon de le souligner - est une réalité profondément humaine, liée à l’autonomie et à la liberté de l’homme…La technique s’inscrit donc dans la mission decultiver et de garder la terre(cf. Gn2, 15)

Le développement technologique peut amener à penser que la technique se suffit à elle-même, quand l’homme, en s’interrogeant uniquement sur le comment,omet de considérer tous les pourquoiqui le poussent à agir. C’est pour cela que la technique prend des traits ambigus. Lorsque les seuls critères de vérité sont l’efficacité et l’utilité, le développement est automatiquement nié. …La clef du développement, c’est une intelligence capable de penser la technique et de saisir le sens pleinement humain du “faire” de l’homme, sur l’horizon de sens de la personne prise dans la globalité de son être. La compétence professionnelle et la cohérence morale sont nécessaires l’une et l’autre. Quand l’absolutisation de la technique prévaut, il y a confusion entre les fins et les moyens

Il faut affirmer aujourd’hui que la question sociale est devenue radicalement UNE QUESTION ANTHROPOLOGIQUE,au sens où elle implique la manière même, non seulement de concevoir, mais aussi de manipuler la vie, remise toujours plus entre les mains de l’homme par les biotechnologies. : (La fécondation in vitro, la recherche sur les embryons, la possibilité du clonage et de l’hybridation humaine) …À la plaie tragique et profonde de l’avortement, pourrait s’ajouter à l’avenir, et c’est déjà subrepticement en germe, une planification eugénique systématique des naissances. … une mentalité favorable à l’euthanasie se frayer un chemin,

Un domaine primordial et crucial de l’affrontement culturel entre la technique considérée comme un absolu et la responsabilité morale de l’homme est aujourd’hui celui de LA BIOETHIQUE,…où émerge avec une force dramatique la question fondamentale de savoir si l’homme s’est produit lui-même ou s’il dépend de Dieu.

Attirée par l’agir technique pur, la raison sans la foi est destinée à se perdre dans l’illusion de sa toute-puissance. La foi, sans la raison, risque de devenir étrangère à la vie concrète des personnes.vii

Un des aspects de l’esprit techniciste moderne se vérifie dans la tendance à ne considérer les problèmes liés à la vie intérieure que d’un point de vue psychologique, et cela jusqu’au réductionnisme neurologique.

Le développement doit comprendre une croissance spirituelle, et pas seulement matérielle…

L’absolutisme de la technique tend à provoquer une incapacité à percevoir ce qui ne s’explique pas par la simple matière. Nous devons considérer la dimension spirituelleque doit nécessairement comporter ce développement pour qu’il puisse être authentique.Il demande des yeux et un cœur nouveaux, capables de dépasser la vision matérialiste des événements humainset d’entrevoir dans le développement un “au-delà” que la technique ne peut offrir.

 

REFLECHISSONS

  • Le pape dit : « La mentalité techniciste a tant de force qu’elle fait coïncider le vrai avec le faisable. Mais lorsque les seuls critères de vérité sont l’efficacité et l’utilité, le développement est automatiquement nié. … il y a confusion entre les fins et les moyens. »   Etes-vous d’accord ? (n°71)

  • Le pape parle également de la Bioéthique, voulez-vous réagir à cela  ?

  • Quand le pape dit que la question sociale est devenue une question d’anthropologie (c.a.d. liée à la conception de ce qu’est l’homme), n’est-ce une incitation à aller jusqu’à cette profondeur dans la recherche des causes de la crise  ?

  • Le pape dit encore : « Un des aspects de l’esprit techniciste moderne se vérifie dans la tendance à ne considérer les problèmes et les mouvements liés à la vie intérieure que d’un point de vue psychologique, … Le développement doit comprendre UNE CROISSANCE SPIRITUELLE,

            Constatez-vous, vous-mêmes, cette tendance à chercher uniquement en direction de la

          « psychologie » la solution au retour à la paix intérieure en oubliant la dimension spirituelle ?

  • Enfin le pape fait appel à la nécessité d’avoir « des yeux et un cœur nouveaux », capables de dépasser la vision matérialiste des événements humains et d’entrevoir dans le développement un “au-delà” que la technique ne peut offrir. …Que pensez-vous de cet appel à un renouvellement , même pour nous les chrétiens ?

NOUS SOMMES CONCERNES

 

A la lecture de l’encyclique du pape « La Charité dans la Vérité », on peut, en première réaction, se dire : « je n’y peux pas grand-chose, ce que dit le pape concerne les décideurs ».Oui, la responsabilité des décideurs est grande, mais n’oublions pas la force de l’opinion publique (les mass-medias, et aussi ce que pensent les gens de la base). Les décideurs sont obligés de tenir compte de cette opinion. Il y a une relation entre les différentes forces. D’autre part, il est bon de vérifier si moi-même je n’ai pas manqué de vigilance, si je n’ai pas été contaminé par la mentalité qui a provoquée la crise !ou si je n’ai pas été trop passif !
Là les points sur lesquels le pape nous attire l’attention nous concernent et nous tracent un chemin à prendre pour participer à la construction d’une « société nouvelle » :
  • Déjà le titre est parlant « l’amour dans la vérité » !

    • vérifier où nous en sommes de la recherche du bien commun ? (au quartier, à la Paroisse etc)

    • Parlons aussi d’un amour vrai, (et pas seulement de « bons sentiments », ni vues superficielles ou idéologiques, mais vue intégrale : tout l’homme et tout homme )

  • Et le sens de la gratuité (le bénévolat etc..) ?

  • Et l’importance donnée aux relations ? Et la recherche de la fraternité ?

  • L’ouverture pour travailler à une collaboration avec les autres ?

  • le respect des personnes (qu’on ne réduit pas à « des consommateurs » ou à des « producteurs »,

  • mais dans leurs intégralités, allant, pour nous chrétiens, jusqu’au fait qu’elles sont liées à Dieu)

  • le souci des exclus ? (contact avec eux, travail avec associations humanitaires)

  • la sobriété du style de vie ?

  • la résistance à la tentation de la cupidité ?

  • une croissance pas seulement matérielle, mais spirituelle

  • renouveler notre regard (pas seulement technique ; appeler Dieu pour cela)

 

 

 

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4 novembre 2012 7 04 /11 /novembre /2012 10:28

1. NOTRE CONDITION HUMAINE EST « MORTELLE » 

voir Daniel Marguerat « Vivre avec la mort »

Le livre de la Genèse, dans la Bible ne prétend pas que nous aurions été immortels, s’il n’y avait pas eu le péché. Adam-l’humanité a été créé de la terre, de la poussière prise du sol(Gn 2,7), et le souffle de Dieu le fait vivre. Adam a été créé comme de la poussière animée, et l’image dit, fortement, qu’il est, dès le commencement, un être fragile, limité, mortel qui reçoit de Dieu la vie. Un être qui va vivre et mourir (de mort naturelle).

Ce qui gêne la compréhension, c’est que, dans la Bible, le mot « mort » peut avoir 2 sens différents : soit le trépas (la mort physique), soit la mort spirituelle par coupure de la relation avec Dieu. C’est le contexte qui nous permet de déceler le sens.

2. LA MORT PHYSIQUE (le trépas) EST LA FRONTIERE DE LA VIE  SUR TERRE

Le face à face avec le mur opaque de la mort-trépas nous est indispensable pour endosser notre condition d’humain faite de limites, de force et defragilité. C’est pourquoi le silence social sur la mort est si préjudiciable.

Il faut savoir que le monde moderne fomente un véritable complot contre la mort; car les valeurs qu’il met en avant -le mythe de la jeunesse, le pouvoir illimité de la science, la médecine porteuse d’immortalité- nient le trépas. Tout est fait pour oublier que nous sommes mortels.

Or, nous ne réussirons notre humanité que si nous guérissons de notre horreur de vieillir, et si nous retrouvonsle sens positif de la limite, du temps qui passe, de la fragilité, de l’échec. La perspective de la mort est un appel à l’humilité, à l’ouverture aux autres, à renoncer au désir Prométhéen d’être tout et toujours !

La mort, qui est dépossession de tout avoir, nous interroge sur ce que nous sommes, sur les valeurs qui nous font vivre. La mort, seule, rompt avec le discours social centré sur l’avoir et nous questionne sur l’être.

 

3. POUR UN CHRETIEN, LA MORT PHYSIQUE(le trépas) EST « UN PASSAGE »,

UN PASSAGE ACCOMPAGNE PAR JESUS

voir Daniel Marguerat « Vivre avec la mort »

La foi chrétienne en la résurrection ne contourne pas le sérieux de la mort par un espoir de survie. Mais elle dit, à propos de la mort :

mourir (trépasser) n’est pas glisser dans le néant, c’est avancer au-devant de Dieu.

Ainsi ma trace ne se réduit pas à ce que j’ai voulu et construit. Je dois le savoir, au moment où un mal ronge mon corps et s’empare de lui : mon destin ne se confond pas avec l’avance destructrice de la maladie. Mon histoire me déborde : il y a un avant et un après ma mort. Son début a été posé dans le désir de Dieu, en avant de moi. Dieu ne dit-il pas, par la bouche de Jérémie : « avant de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais »Jr 1,5. Et mon histoire s’achèvera au-delà de moi, en Dieu.

L’Eternel me précède et me suit, voilà la conviction qui fonde la foi. A moment où mon existence m’échappera des mains, Dieu, lui, la prendra en charge.

A l’exemple du Christ qui meurt, et fait de sa mort autre chose qu’un échec « ma vie, on ne me la prend pas, je la donne »Jn 10,18, l’homme peut faire de son trépas, (sur lequel il n’a pas prise), autre chose que la fin de sa vie : il peut en faire un acte de fidélité assumée jusqu’au bout du chemin, l’acceptation d’une fragilité dans la confiance ! Un pur abandon à Dieu !Peut-être n’a-t-on pas le choix, mais le trépas devient signe. Vivre chrétiennement avec la mort est un acte de confiance. Une confiance en l’Amour plus fort que la mort !

Et la Bible nous soutient par une parole forte, que voici :

notre mort est accompagnée par JESUS,

qui est passé par là,

qui nous sert de modèle

et qui, depuis la résurrection, est présent à notre vie.

 

4. Rencontre avec le Christ : « Opération vérité » et jugement(pas imprimé)

Texte de Benoît 16, dans encyclique sur « L’Espérance »page 70 (le Purgatoire ?)

« La rencontre avec le Christ lui-même, le Juge et Sauveur est l’acte décisif du Jugement. Devant son regard s’évanouit toute fausseté. C’est la rencontre avec Lui qui, nous brûlant, nous transforme et nous libère pour nous faire devenir vraiment nous-mêmes. Les choses édifiées durant la vie peuvent alors se révéler paille sèche, vantardise vide et s’écrouler. Mais dans la souffrance de cette rencontre, où l’impur et le malsain de notre être nous apparaissent évidents, se trouve le salut. Le regard du Christ, le battement de son cœur nous guérissent grâce à une transformation certainement douloureuse, comme « par le feu ».Cependant, c’est une heureuse souffrance, dans laquelle le saint pouvoir de son amour nous pénètre comme une flamme, nous permettant à la fin d’être totalement nous-mêmes et avec cela totalement de Dieu. Ainsi se rend évidente aussi la compénétration de la justice et de la grâce : notre façon de vivre n’est pas insignifiante, mais notre péché saleténe nous tache pas éternellement, si du moins nous sommes demeurés tendus vers le Christ, vers la vérité et vers l’amour. En fin de compte, cette faute saletéa déjà été brûlée dans la Passion du Christ. Au moment du Jugement, nous expérimentons et nous accueillons cette domination de son amour sur tout le mal dans le monde et en nous. La souffrance de l’amour devient notre salut et notre joie. »

Et le Seigneur sait trouver en nous des sources de bien !

S’il y a déjà en moi une source de lumière, alors la lumière me libère,

s’il y a un germe de justice, alors la justice de Dieu m’épanouit,

s’il y a une recherche de vérité, la vérité du Seigneur me comble.

S’il y a en moi un amour qui, maladroitement se cherche et ne sait s’exprimer, alors la rencontre du Christ le manifestera et le comblera…

 

5. Où allons-nous ?

LA RESURRECTION = ETRE AVEC JESUS POUR TOUJOURS ET VIVRE AVEC LUI

ET, AUSSI, ETRE LIE A TOUS LES CROYANTS.

voir Daniel Marguerat « Vivre avec la mort »

La mort est simple. Elle n’est que la poursuite d’une aventure commencée, dans notre vie, avec la foi. Il y a une continuité profonde à travers la mort.

Cette continuité nous est donnée par le Christ.

Voyons St Paul, dans Philippiens et Romains 8, 38 : l’important c’est d’être « avec le Christ. »

Le Christ appartient aux 2 mondes. Il fait le pont. Il est avec nous dans le quotidien de l’existence, mais en même temps il s’est révélé comme« premier-né d’entre les morts »,il appartient déjà à l’autre monde, à la création nouvelle.

Et le problème de l’au-delà devient, pour chaque chrétien, le problème de lapermanence des liens qui l’attachent à son Seigneur. La mort, c’est vrai, ouvre sur l’inconnu, mais nous entrons dans ce monde mystérieux comme les compagnons de celui qui nous a précédés « Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons. » 2 Tm 2, 11

L’au-delà marquera pour les croyants la relation renouée avec leur Seigneur.

(finis le doute, la méfiance, l’ignorance...)

Le jour des funérailles, sachons que notre frère qui nous quitte n’a d’avenir que dans le Christ. Il devient alors pour nous une question, il nous interroge pour savoir si déjà notre vie est « d’être avec le Christ ». Car cela est le lien le plus fort qui nous rattache encore à lui.

 

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19 octobre 2011 3 19 /10 /octobre /2011 17:31

n°4                                                L’APOSTOLAT  DES  LAÏCS

Ce décret, sorti en novembre 1965,  définit

LES  FORMES  ET  CONDITIONS  DE  LA  PARTICIPATION  DES  LAÏCS  DANS  L’EGLISE

 

Le fait que le Concile produise un Décret sur l’Apostolat des Laïcs fut un évènement, une Première, ainsi que la présence d’observateurs laïcs aux travaux du Concile.    En effet, jusqu’alors, depuis 9 siècles : les laïcs (alors appelés fidèles) étaient en entière dépendance et relation de subordination à l’égard de la hiérarchie et même du clergé tout entier. C’était en partie l’héritage d’un temps où l’autorité dans l’Eglise était conçue à l’exemple de l’autorité seigneuriale dans la société séculière et l’expression d’une mentalité qui transposait la structure verticale de l’organisation civile aux relations intérieures à l’Eglise, avec 2 images privilégiées : celle du troupeau et celle de l’armée !        

Pourtant cela se préparait. Rappelons-nous l’essor des mouvements d’Action Catholique et engagements divers des laïcs.  

Et, au Concile Vatican II, 2 documents spécialement ont préparé ce Décret : celui sur l’Eglise, mettant l’accent sur « le Peuple de Dieu » (n°9,12,31) et comprenant aussi un chapitre spécial sur les Laïcs ; et le document « L’Eglise  dans le monde de ce temps » avec son chapitre mettant en valeur « l’activité humaine dans l’univers ».

Appel à « la participation des laïcs à la mission de l’Eglise.»   

AA2. « … La vocation chrétienne est, par nature, vocation à l’apostolat. Dans l’organisme d’un corps vivant aucun membre ne se comporte de manière purement passive, mais participe à la vie et à l’activité générale du corps, ainsi dans le Corps du Christ qui est l’Eglise, « tout le corps opère sa croissance selon le rôle de chaque partie » (Eph.4, 16). Bien plus, les membres de ce corps sont tellement unis et solidaires (voir Eph.4,16), qu’un membre qui ne travaille pas selon ses possibilités à la croissance du corps doit être réputé inutile à l’Eglise et à lui-même.

Pour plusieurs qui ont bien connu la période avant le Concile, quels changements n’avons-nous pas vu depuis ces temps, au plan de la participation des chrétiens, que ce soit en liturgie, dans l’organisation des Paroisses ou autres domaines …

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AA2 (suite)Les laïcs exercent concrètement leur apostolat en se dépensant à l’évangélisation et à la sanctification des hommes ; il en est de même quand ils s’efforcent de pénétrer l’ordre temporel d’esprit évangélique et travaillent à son progrès de telle manière que, en ce domaine, leur action rende clairement témoignage au Christ et serve au salut des hommes. Le propre de l’état des laïcs étant de mener leur vie au milieu du monde et des affaires profanes, ils sont appelés par Dieu à exercer leur apostolat dans le monde à la manière d’un ferment, grâce à la vigueur de leur esprit chrétien. »

Fondements  de l’apostolat des laïcs  (+ L’Eglise n°33)

AA3. « Les laïcs tiennent de leur union même avec le Christ Chef le devoir et le droit d’être apôtres. Insérés qu’ils sont par le baptême dans le Corps mystique du Christ, fortifiés grâce à la confirmation par la puissance du Saint-Esprit, c’est le Seigneur lui-même qui les députe à l’apostolat. … »

La raison de l’engagement des laïcs n’est pas le manque de prêtres ou leur fatigue, mais le fait qu’ils sont baptisés et confirmés. ; c’est leur rôle propre, même si le réveil, la prise de conscience  de la nécessité de leur engagement se fait, parfois, à l’occasion ou en perspective du manque de prêtre.  Est-ce ainsi que c’est compris, la plupart du temps ?

  … Pour l’exercice de cet apostolat, le Saint-Esprit qui sanctifie le Peuple de Dieu par les sacrements et le ministère accorde en outre aux fidèles des dons particuliers (voir 1 Cor.12, 7) les « répartissant à chacun comme il l’entend » (voir 1 Cor.12,11) pour que tous et « chacun selon la grâce reçue se mettant au service des autres » soient eux-mêmes « comme de bons intendants de la grâce multiforme de Dieu » (1 Pierre 4, 10) en vue de l’édification du Corps tout entier dans la charité (voir Eph. 4, 16)… de même qu’en communion avec ses frères dans le Christ et très particulièrement avec ses pasteurs. C’est à eux qu’il appartient de porter un jugement sur l’authenticité et le bon usage de ces dons, non pas pour éteindre l’Esprit, mais pour éprouver tout et retenir ce qui est bon (voir 1 Thes. 5, 12.19.21)

Entraidons-nous pour connaître les dons que nous avons reçus et pour les exercer ! …

 

Participation « originale »  « spécifique »  des laïcs AA2, AA5  (+ L’Eglise n°32, 36)

AA5. « L’œuvre de rédemption du Christ, qui concerne essentiellement le salut des hommes, embrasse aussi le renouvellement de tout l’ordre temporel.

 La mission de l’Eglise, par conséquent, n’est pas seulement d’apporter aux hommes le message du Christ et sa grâce, mais aussi de pénétrer et de parfaire par l’esprit évangélique l’ordre temporel.

Les fidèles laïcs accomplissant cette mission de l’Eglise, exercent donc leur apostolat aussi bien dans l’Eglise que dans le monde, dans l’ordre spirituel que dans l’ordre temporel. Bien que ces ordres soient distincts, ils sont liés dans l’unique dessein divin ; aussi Dieu lui-même veut-il, dans le Christ, réassumer le monde entier, pour en faire une nouvelle créature en commençant dès cette terre et en lui donnant sa plénitude au dernier jour. Le laïc, qui est tout ensemble membre du Peuple de Dieu et de la Cité des hommes n’a qu’une conscience chrétienne. Celle-ci doit le guider sans cesse dans les 2 domaines. »

Actuellement, où l’engagement des Laïcs est-il le plus valorisé : dans l’Eglise, la communauté  ou  dans la société ?

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Cette valorisation du rôle des laïcs dans le monde suppose une certaine vision du monde où l’ordre temporel a une valeur propre AA7 (voir L’Eglise dans le monde de ce temps » n° 33, 36). encourageant une considération attentive accordée à la réalité concrète du monde (les signes des temps – à l’évolution du monde). Cette analyse reflète une certaine attitude d’esprit  (voir L’Eglise dans le monde de ce temps » n°  4)

Renouvellement chrétien de l’ordre temporel : AA7. « …Tel est le dessein de Dieu sur le monde : que les hommes, d’un commun accord, construisent l’ordre des réalités temporelles et le rendent sans cesse plus parfait. Tout ce qui compose l’ordre temporel : les biens de la vie et de la famille, la culture, les réalités économiques, les métiers et les professions, les institutions de la communauté politique, les relations internationales et les autres réalités du même genre, leur évolution et leur progrès, n’ont pas seulement valeur de moyen par rapport à la fin dernière de l’homme. Ils possèdent une valeur propre, mise en eux par Dieu Lui-même, soit qu’on regarde chacun d’entre eux, soit qu’on le considère comme parties de l’ensemble de l’univers temporel : « Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait et c’était très bon » (Gen.1, 31) Cette bonté naturelle qui est leur reçoit une dignité particulière en raison de leur relation avec la personne humaine au service de laquelle ils ont été créés. Enfin il a plu à Dieu de rassembler toutes les réalités aussi bien naturelles que surnaturelles en un seul tout dans le Christ « pour que celui-ci ait la primauté en tout » (Col.1, 18). Cette destination loin de priver l’ordre naturel de son autonomie, de ses fins, de ses lois propres, de ses moyens, de son importance pour le bien des hommes, rend au contraire plus parfaites sa force et sa valeur propre ; elle le hausse en même temps au niveau de la vocation intégrale de l’homme ici-bas….

Les laïcs doivent assumer comme leur tâche propre le renouvellement de l’ordre temporel. Eclairés par la lumière de l’Evangile, conduits par l’esprit de l’Eglise, entraînés par la charité chrétienne, ils doivent en ce domaine agir par eux-mêmes d’une manière bien déterminée. Membres de la cité, ils ont à coopérer avec les autres citoyens suivant leur compétence particulière, en assumant leur propre responsabilité et à chercher partout et en tout la justice du Royaume de Dieu… »

N’est-ce pas une Bonne Nouvelle d’entendre le Concile nous dire que les réalités matérielles et humaines ont une grande valeur ? On ne doit ni les mépriser, ni les négliger, mais en reconnaître la densité, l’intérêt !

 

                                                             Spiritualité propre des laïcs

 

AA4. «… La fécondité de l’apostolat des laïcs dépend de leur union vitale avec le Christ, selon cette parole du Seigneur : « Celui qui demeure en moi et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruits. Car sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jean 15, 5). Cette vie d’intime union avec le Christ dans l’Eglise est alimentée par des nourritures spirituelles communes à tous les fidèles …

Cette spiritualité des laïcs doit revêtir des caractéristiques particulières suivant les conditions de vie de chacun : vie conjugale et familiale, célibat et veuvage, état de maladie, activité professionnelle et sociale. Chacun doit donc développer sans cesse les qualités et les dons reçus et en particulier ceux qui sont adaptés à ses conditions de vie et se servir des dons personnels de l’Esprit-Saint »

Cela veut dire que la spiritualité des laïcs ne peut pas être celle des moines. Le chemin spirituel des laïcs s’appuie sur leurs réalités humaines. N’y a-t-il pas tout un apprentissage à faire ?

 

Divers modes d’apostolat, dont le « collectif », dont l’Action Catholique  AA18, 20

               AA18. « … Dans la conjoncture actuelle, il est souverainement nécessaire que, là où s’exerce l’activité des laïcs, se développe l’apostolat sous sa forme collective et organisée ; seule en effet cette étroite conjonction des efforts peut permettre d’atteindre complètement tous les buts de l’apostolat d’aujourd’hui et d’en protéger efficacement les fruits. Dans cette perspective il est particulièrement important de l’apostolat atteigne les mentalités collectives et les conditions sociales de ceux dont il se préoccupe, sinon ceux-ci seront souvent incapables de résister à la pression de l’opinion publique ou des institutions. » :

Formation à l’apostolat : AA29.

« … Il faut apprendre graduellement et prudemment dès le début de la formation, à voir toutes choses,   -  à juger, -  à agir à la lumière de la foi,   à se former et à se perfectionner soi-même avec les autres par l’action. C’est ainsi qu’on entrera activement dans le service de l’Eglise… »

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23 septembre 2011 5 23 /09 /septembre /2011 15:46

    n°1 PRESENTATION DU CONCILE VATICAN II

 

L’annonce du Concile par Jean 23, 27 janvier 1959

A la surprise de tous, Jean 23, un pape âgé qui, pensait-on ferait seulement la transition entre des grands papes, annonce un évènement extraordinaire, un « Concile ». Il le fait pour une « mise à jour » de l’Eglise, pour un dialogue avec le monde d’aujourd’hui. On revenait de loin ! Et aussi pour faire avancer la question de l’oecuménisme avec les autres chrétiens. C’était la convocation des Evêques du monde entier.

Jean 23 eut une véritable « inspiration » ! Car la société contemporaine posait d’énormes défis à l’Eglise. On avait affaire (déjà) à de grandes mutations, des bouleversements, un vent de liberté. L’Eglise n’avait pas suivie, figée dans un monde traditionnel stable, ce qui entraînait une véritable fracture avec la société. Pourtant, au sein même de cette Eglise, des renouveaux étaient en marche (pour l’étude de la Bible, la recherche sur l’Eglise, la liturgie, l’action missionnaire dans les diocèses, la rencontre avec les autres chrétiens etc …) Mais il s’agissait, par le dynamisme de cette assemblée, d’aller beaucoup plus loin.

L’ouverture du concile le 11 octobre 1962 (donc cinquantenaire en 2012)

L’assemblée conciliaire se composait des 2.400 Evêques du monde entier; représentants de l’Eglise d’Orient et d’Occident ; « observateurs » des autres Eglises chrétiennes protestantes et orthodoxes invités.

Grande célébration retransmise par les télévisions du monde entier.

A cette ouverture, il y eut une très grande représentation des Gouvernements du monde entier.

Esprit de ce Concile : (voir Discours de clôture de Paul 6)

Grande bienveillance pour les hommes et les femmes de ce monde d’aujourd’hui ! Cela contrastait avec l’esprit des conciles précédents, distants et maniant facilement les « anathèmes ».

Discours de clôture de Paul 6 (décembre 1965) :

« Le Concile s’est très vivement intéressé à l’étude du monde moderne … il s’est beaucoup occupé de l’homme… Qu’est-il arrivé ? Un choc, une lutte, un anathème ? Cela pouvait arriver ; mais cela n’a pas eu lieu. La vieille histoire du bon Samaritain a été le modèle et la règle de la spiritualité du Concile. Une sympathie sans bornes pour les hommes l’a envahi tout entier. La découverte et l’étude des besoins humains … a absorbé l’attention de notre Synode … Un courant d’affection et d’admiration a débordé du Concile sur le monde humain moderne. Des erreurs ont été dénoncées. Oui, parce que c’est l’exigence de la charité comme de la vérité mais, à l’adresse des personnes, il n’y a eu que rappel, respect et amour. Au lieu de diagnostics déprimants, des remèdes encourageants ; au lieu de présages funestes, des messages de confiance sont partis du Concile vers le monde contemporain : ses valeurs ont été non seulement respectées, mais honorées ; ses efforts soutenus, ses aspirations purifiées et bénies … Non, l’Eglise n’a pas dévié, mais elle s’est tournée vers l’homme.

… Pour connaître l’homme, l’homme vrai, l’homme tout entier, il faut connaître Dieu …. Mais, vénérables Frères et vous tous, nos chers fils ici présents, si nous nous rappelons qu’à travers le visage de tout homme – spécialement lorsque les larmes et les souffrances l’ont rendu plus transparent – nous pouvons et devons reconnaître le visage du Christ, le Fils de l’homme, et si sur le visage du Christ nous pouvons et devons reconnaître le visage du Père céleste …notre humanisme devient christianisme, et notre christianisme se fait théocentrique, si bien que nous pouvons également affirmer : pour connaître Dieu, il faut connaître l’homme … »

 

Et nous, avons-nous cette bienveillance vis-à-vis de notre monde ? Comment la manifestons-nous ?

 

Grands sujets abordés :La Révélation divine – La Liturgie - l’Eglise – L’Eglise dans le monde de ce temps – L’activité missionnaire de l’Eglise – La charge pastorale des Evêques – Le ministère, la vie des prêtres – La formation des prêtres - L’Apostolat des laïcs – Le renouveau de la vie religieuse – L’œcuménisme – Les Eglises orientales catholiques – Les moyens de communication sociale– L’éducation chrétienne – Les relations avec les religions non-chrétiennes - La liberté religieuse.

 

 

 

n°2                                                      L’ E G L I S E

 

Chapitre premier : LE  MYSTERE  DE  L’EGLISE :

v     Renversement de perspective par rapport au passé : L’Eglise n’est pas d’abord une « société », mais « un « mystère ». Avant, dans l’Eglise, une vision juridique dominait, obnubilée par les questions de pouvoirs. Le thème de l’Eglise paraissait restreint au pouvoir du Pape (aujourd’hui c’est aussi l’épiscopat, les religieux, les laïcs, le corps entier de l’Eglise) Il existait des mouvements de renouveau, mais ils étaient freinés.

v     Au Concile, on part de l’enracinement profond, de l’intérieur vers l’extérieur. C’est l’intérieur qui donne sens à l’extérieur.

v     L’ordre des chapitres est significatif : on commence par le Mystère, suit le Peuple de Dieu et en 3° seulement la Hiérarchie (vue sous l’angle de services). C’est nouveau ! En effet, avant ce Concile, on avait une conception pyramidale de l’Eglise, considérant la hiérarchie en haut et le peuple en bas ! Pensez-vous que ce rétablissement des valeurs passe progressivement dans les faits ?

 

n°1. Introduction : « Le Christ est la lumière des peuples : réuni dans l’Esprit-Saint, le saint Concile souhaite donc ardemment, en annonçant à toutes créatures la bonne nouvelle de l’Evangile, répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l’Eglise (Marc 16,15)

L’Eglise étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain

 

n°2. (Le dessein du Père qui veut sauver tous les hommes)

n°3. (la mission du Fils)  n°4. (l’Esprit qui sanctifie l’Eglise)  n°5. (Le royaume de Dieu)

 

L’Eglise apparaît dans ce 1° chapitre (n°2,3,4,5) comme née de la Trinité.

Elle porte sur elle, à l’origine, la marque des 3 Personnes avec lesquelles la vocation chrétienne et le Baptême mettent l’homme en union d’être et d’amour.

n°2. C’est le dessein éternel du Père qui se réalise dans l’Eglise.

n°3. De ce dessein du Père, le Fils qui a pris corps est l’instrument par sa mission rédemptrice. Et l’Eglise, issue de son sacrifice,

n°4. est animée de son Esprit.

n°5 Cette Eglise tend donc par sa nature vers le Royaume de Dieu, et elle porte sur elle, dans son cheminement terrestre, la marque de son Chef : elle est sur la terre l’Eglise des pauvres.

n°6, 7, 8 : Des « images » (comparaisons) nombreuses et complémentaires expriment ce Mystère. Il y a les images qui tournent autour de la maison, et plus précisément du temple. Il y a celles qui sont empruntées au domaine de la famille. Il y a celles qui concernent  l’intimité spirituelle créée par la grâce entre Dieu et le croyant, Dieu prenant  figure d’Epoux. Il y a enfin celles qui, sur l’horizon des temps font apparaître l’image d’un dessein pleinement accompli, la Cité céleste, la Jérusalem descendant du ciel, dont l’Agneau est la lumière. On n’oubliera pas non plus l’image du Corps mystique (privilégiée par Saint Paul).

Une image sera privilégiée par le Concile, celle du « Peuple de Dieu » (chapitre 2)

 

Ce côté « mystérieux » de notre Eglise, habitée par Dieu, dépassant la construction humaine ne peut-il pas changer notre regard ?

   

Chapitre 2 : LE PEUPLE DE DIEU : n°9 à 17

n°9 : (la Nouvelle Alliance et le Peuple Nouveau)

« Le bon vouloir de Dieu a été que les hommes ne reçoivent pas la sanctification et le salut séparément, hors de tout lien mutuel ; il a voulu au contraire en faire un peuple qui le connaîtrait selon la vérité et le  servirait dans la sainteté. C’est pourquoi il s’est choisi Israël pour être son peuple avec qui il a fait alliance et qu’il a progressivement instruit, se manifestant, lui-même et son dessein, dans l’histoire de ce peuple et se l’attachant dans la sainteté.

Tout cela cependant n’était que pour préparer et figurer l’alliance nouvelle et parfaite qui serait conclue dans le Christ, et la révélation plus totale qui serait apportée  par le Verbe de Dieu lui-même fait chair…..(1 Cor 11,25)Ceux qui croient au Christ deviennent finalement « une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple que Dieu s’est acquis, ceux qui autrefois n’étaient pas un peuple étant maintenant le peuple de Dieu. » (1 Pierre 2, 9-10)…

Ce peuple messianique a pour chef le Christ, « livré pour nos péchés, ressuscité pour notre justification. » (Rom. 4, 25)…

La condition de ce peuple, c’est la dignité et la liberté des fils de Dieu, dans le cœur de qui, comme dans un temple, habite l’Esprit-Saint.

La loi c’est le commandement nouveau d’aimer comme le Christ lui-même nous a aimés (Jean 13, 34)

Sa destinée enfin, c’est le royaume de Dieu … C’est pourquoi ce peuple messianique, bien qu’il ne comprenne pas encore effectivement l’universalité des hommes, constituer cependant pour tout l’ensemble du genre humain le germe le plus fort de l’unité, d’espérance et de salut. …

Le nouvel Israël qui s’avance dans le siècle présent en quête de la cité future, celle-là permanente (Hébr.13, 14) est appelé lui aussi : L’Eglise du Christ (Matth.16 ,18)

L’Eglise destinée à s’étendre à toutes les parties, elle prend place dans l’histoire humaine, bien qu’elle soit en même temps transcendante aux limites des peuples dans le temps et dans l’espace. »

n°10. (Le sacerdoce commun)

Le sacerdoce du peuple de Dieu comporte tous les aspects du sacerdoce même du Seigneur :

ü            il intéresse le culte à rendre au Père (n°11),

ü            la diffusion du message du salut (n°12),

n°12. (Le sens de la foi et les charismes dans le peuple chrétien)

« Le peuple saint de Dieu participe aussi de la fonction prophétique du Christ …La collectivité des fidèles, ayant l’onction qui vient du Saint (1 Jn 2,20 et 27), ne peut se tromper dans la foi ; ce don particulier qu’elle possède, elle le manifeste par le moyen du sens surnaturel de foi qui est celui du peuple tout entier… »

ü            la collaboration enfin à l’installation dans le monde du règne de la charité.

 

n°13. (L’universalité ou « catholicité » de l’unique peuple de Dieu)

«  … A cette unité catholique du peuple de Dieu qui préfigure et promeut la paix  universelle, tous les hommes sont appelés ; à cette unité appartiennent, sous diverses formes ou sont ordonnés, et les fidèles catholiques (n°14) et ceux qui, par ailleurs, ont foi dans le Christ (n°15), et finalement tous les hommes sans exception que la grâce de Dieu appelle au salut (n°16).

 

n°17. (Le caractère missionnaire de l’Eglise)

« … L’activité de l’Eglise n’a qu’un but : tout ce qu’il y a de germes de bien dans le cœur et la pensée des hommes ou dans leurs rites propres et leur culture, non seulement ne pas le laisser perdre, mais le guérir, l’élever, l’achever pour la gloire de Dieu, la confusion du démon et le bonheur de l’homme.. A tout disciple du Christ incombe pour sa part la charge de l’expansion de la foi. »

 

Changement par rapport au passé !  Eglise = d’abord un Peuple où les membres ont un lien de fraternité, de destin commun ! Où en sommes-nous, dans la pratique ?

« Le Peuple de Dieu » est chargé d’un « sacerdoce commun » ! Ainsi ce mot « sacerdoce » autrefois réservé aux prêtres est employé aussi pour tout chrétien, il souligne à la fois sa dignité et sa responsabilité.

L’Eglise dépasse les frontières institutionnelles ! Ce n’est plus le temps des exclusions de la forteresse « chrétienté ».

 

Chapitre 3 : LA HIERARCHIE DE L'EGLISE : n°18 à 29 

n°18 : « Le Christ Seigneur, pour assurer au peuple de Dieu des pasteurs et les moyens de sa croissance, a institué dans son Eglise des ministères variés qui tendent au bien de tout le corps. En effet, les ministres qui disposent du pouvoir sacré, sont au service de leurs frères pour que tous ceux qui appartiennent au peuple de Dieu et jouissent par conséquent, en toute vérité, de la dignité chrétienne, puissent parvenir au salut, dans leur effort commun, libre et ordonné, vers une même fin. »

 

Le fait que ce chapitre ait été précédé du chapitre sur « le peuple de Dieu » permet donc de situer la Hiérarchie comme « un service », celui de l’autorité (et non pas d’abord un pouvoir)

Ce changement est-il important à vos yeux ?

 

Le Concile a  parlé surtout du « rôle de l’épiscopat dans l’Eglise universelle (et pas seulement du rôle de chaque Evêque dans son diocèse) et, par là, son articulation à l’infaillibilité et au pouvoir universel du pape.» comme le dit le Père Rouquette, Jésuite.  Il complétait ainsi le travail entrepris au Concile Vatican 1 , qui avait eu le temps de parler seulement du pape. Ainsi, il a été dit que le pape fait partie du collège épiscopal, mais comme sa Tête, et le collège ne peut exister sans le pape, en sorte que renier son union au pape est, pour un évêque, sortir du collège…. D’autre part, il est indéniable que les évêques ne tiennent pas du pape le fondement « ontologique » de leur pouvoir collégial, mais de la plénitude du sacerdoce qu’ils reçoivent par le sacre, encore que c’est le pape qui, leur assignant leur « office », les habilite à exercer le « pouvoir » de leur consécration.

 

Changement par rapport au passé. : Les Evêques réunis ont un rôle vis-à-vis de l’Eglise universelle, équilibrant ainsi le rôle du pape, moins absolu, moins individualisé.

 

Chapitre 4 : LES LAÏCS : n°30 à  38

n°31 : « … Le caractère séculier est le caractère propre et particulier des laïcs. …La vocation propre des laïcs consiste à chercher le règne de Dieu précisément à travers la gérance des choses temporelles qu’ils ordonnent selon Dieu. Ils vivent au milieu du siècle, c’est-à-dire engagés dans tous les divers devoirs et ouvrages du monde, dans les conditions ordinaires de la vie familiale et sociale dont leur existence est comme tissée.  …à la façon d’un ferment … pour manifester le Christ aux autres avant tout par le témoignage de leur vie, rayonnant de foi, d’espérance et de charité. C’est à eux qu’il revient, d’une manière particulière, d’éclairer et d’orienter toutes les réalités temporelles auxquelles ils sont étroitement unis, de telle sorte qu’elles se fassent et prospèrent constamment selon le Christ et soient à la louange du Créateur et Rédempteur. »

n°32. « …Commune est la dignité des membres du fait de leur régénération dans le Christ …tous sont appelés à la sainteté et ont reçu à titre égal la foi…. quant à la dignité et à l’activité commune à tous les fidèles dans l’édification du corps du Christ, il règne entre tous une véritable égalité. »

n°33. « .. L’apostolat des laïcs est une participation à la mission salutaire elle-même de l’Eglise : à cet apostolat, tous sont appelés par le Seigneur lui-même en vertu du baptême et de la confirmation. »

 

Changement par rapport au passé !   Où en sommes-nous dans la pratique ?

Actuellement, où les laïcs sont-ils le plus engagés, dans l’Eglise ou dans la Société ?

 

Chapitre 5 : L’APPEL UNIVERSEL A LA SAINTETE : n° 39 à 42

et Chapitre 6 : LES RELIGIEUX : n°43 à 47

 

n°39 : «  … Le Christ, Fils de Dieu, qui, avec le Père et l’Esprit, est proclamé « seul Saint », a aimé l’Eglise comme son épouse, il s’est livré pour elle afin de la sanctifier (Ephésiens 5,25-26), il se l’est unie comme son Corps et l’a comblée du don de l’Esprit Saint pour la gloire de Dieu. Aussi dans l’Eglise tous … sont appelés à la sainteté …Cette sainteté de l’Eglise se manifeste constamment et doit se manifester par les fruits de la grâce que l’Esprit produit dans les fidèles ; sous toutes sortes de formes elle s’exprime en chacun de ceux qui tendent à la charité parfaite dans leur ligne propre de vie en édifiant les autres. »

 

Changement par rapport au passé, car ce ne sont pas seulement les prêtres ou religieux que l’on considère comme appelés à la sainteté !

 

Chapitre 7 : LE CARACTERE ESCHATOLOGIQUE DE L'EGLISE EN MARCHE ET SON UNION AVEC L'EGLISE DU CIEL : n°48 à 51     Il s’agit de notre destinée.

n°48 : Les derniers temps sont arrivés pour nous (1 Cor .10, 11), l’Esprit Saint nous marque,

n° 49 : mais nous sommes encore en pèlerinage ; d’autres, ayant achevé leur vie, se purifient encore ; d’autres enfin sont dans la gloire contemplant Dieu ; tous communiant dans la même charité en attente de la fin des temps.

Il existe un lien, une solidarité entre l’Eglise du ciel et celle de la terre.

 La communion des saints ; Les saints = « incomparable réussite de la grâce qui nous est donnée, à nous aussi, pour devenir des saints ! »

 

Chapitre 8 :LA VIERGE MARIE, DANS LE MYSTERE DU CHRIST ET DE L'EGLISE :n°52 à 69

n°52 : Relation de  Marie au Christ

Par rapport au Christ, Marie est celle par qui le Père a voulu donner son Fils, et qu’il a voulu associer à toute son œuvre rédemptrice. Mère de Jésus, et donc Mère de Dieu, Marie est l’associée de son Fils, la nouvelle Eve, comme disaient les Pères. Et la Constitution, au n°56,  cite saint Irénée : « son obéissance a détruit le funeste effet de la désobéissance d’Eve, et nous a donné le salut. » Marie, loin de faire concurrence à son Fils, demeure humblement son aide : « Conjonction de la Mère avec son Fils dans l’œuvre de notre salut. »

n°53 : Relation de Marie à l’Eglise

Par rapport à l’Eglise, Marie occupe une situation singulière qu’analyse la Constitution : rachetée, elle appartient à l’Eglise, mais au titre unique de Mère du Rédempteur. Elle est à la fois, dans l’Eglise, la première des rachetés, le prototype de l’Eglise Epouse et Vierge, la mère du Christ Tête. Son union à l’œuvre rédemptrice implique « une charge maternelle » à l’égard de tous les rachetés, en totale dépendance de la médiation unique du Sauveur.

n°66 : Le culte de la bienheureuse Vierge dans l’Eglise

Le culte que l’Eglise rend à Marie respectera toujours l’humilité et la dépendance de la Mère vis-à-vis du Fils. Hommage filial, avant tout soucieux d’imiter la foi et la charité de celle qui est devenue la « Mère de l’Eglise »

 

Savons-nous, comme nous le recommande le n°67, donner à Marie sa juste place (ni exagérer, ni minimiser) ?

 

Comment le visage renouvelée de l’Eglise telle qu’il est décrit par le Concile peut-il être considéré comme un « signe des temps » ?

 

n°3 L’EGLISE DANS LE MONDE DE CE TEMPS

 

En avant propos il est écrit :

n°1 : « Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tout ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. »

Leur communauté, en effet, s'édifie avec des hommes, rassemblés dans le Christ, conduits par l'Esprit Saint dans leur marche vers le royaume du Père, et porteurs d'un message de salut qu'il faut proposer à tous. La communauté des chrétiens se reconnaît donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire. »

 

Que pensez-vous de cet appel de l’Eglise à « partager les angoisses et les espérances de notre monde », adressé à tout chrétien ? ai-je fait l’expérience d’avoir partagé l’espérance des autres ? Est-ce que je vibre à l’attente du monde ?

Comment progresser sur ce point ?

 

n°3 « De nos jours …le genre humain s’interroge sur l’évolution du monde et le rôle de l’homme dans l’univers ….Le Concile …ne saurait donner une preuve plus parlante de solidarité … qu’en dialoguant … il offre au genre humain la collaboration sincère de l’Eglise pour l’instauration d’une fraternité universelle. » (voir n°40 à 45)

 

En 1960-1965, c’était une nouvelle perspective, arrivant après des décades où l’Eglise s’était située comme une « assiégée face à la modernité » ! Elle cherchait à se protéger contre ce qu’elle considérait comme des périls extérieurs. Rappelons-nous la condamnation retentissante du « modernisme » par Pie X en 1907 (avec soupçons sur les exégètes, les historiens, certains grands théologiens même). Puis ce fut la condamnation des prêtres-ouvriers en 1954. La Curie Romaine, le Saint-Office ne fut pas en reste, à l’affût de tout ce qui rapprochait du monde moderne, mais apparaissait comme des déviations. Une vraie coupure avec le monde moderne !

 

 

Dans un exposé préliminaire, sur la condition humaine dans le monde d’aujourd’hui, on lit :

n°4 §1 « Pour mener à bien cette tâche, l’Eglise a le devoir, à tout moment de scruter « les signes des temps », et de les interpréter à la lumière de l’Evangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre… »

(les trois principaux signes retenus sont : la liberté, l’unité, l’efficacité de l’activité humaine.)

 

Repérer les signes des temps, les « scruter » (GS 4), c’est donc pour l’Église croire que le temps n’est pas qu’un facteur d’usure, que l’histoire n’a pas à être lue comme une lente décadence depuis un sommet romantiquement situé dans le passé. C’est reconnaître « la fécondité de la durée » (Henri de Lubac). Dieu nous parle par le mouvement de l’histoire ! (voir tout l’Ancien Testament)

 

Et nous, sommes-nous attentifs à ce qui se passe de nouveau alentour de nous ?

§2 Et alors le Concile parle des mutations profondes qui caractérisent notre société actuelle (changements dans l’ordre social, psychologiques, moraux, religieux)

qui entraînent des déséquilibres , éveillent des aspirations universelles et des interrogations profondes.

n°10 : §1 « En vérité, les déséquilibres qui travaillent le monde moderne sont liés à un déséquilibre plus fondamental, qui prend racine dans le cœur même de l’homme. C’est en l’homme lui-même, en effet, que de nombreux éléments se combattent. (comme créature : à la fois limité et rempli de désirs – Et aussi : faible et pécheur, il accomplit souvent ce qu’il ne veut pas et n’accomplit point ce qu’il voudrait Rom. 7,14ss..) … Beaucoup, il est vrai, dont la vie est imprégnée de matérialisme pratique, sont détournés par là d’une claire perception de cette situation dramatique ; ou bien, accablés par la misère, ils se trouvent empêchés d’y prêter attention./ D’autres, en grand nombre, pensent trouver leur tranquillité dans les diverses explications du monde qui leur sont proposées/ Certains attendent du seul effort de l’homme la libération véritable et plénière du genre humain et ils se persuadent que le règne à venir de l’homme sur la terre comblera tous les vœux de son cœur./ etc… Néanmoins, le nombre croît de ceux qui, face à l’évolution présente du monde, se posent les questions les plus fondamentales ou les perçoivent avec une acuité nouvelle. Qu’est-ce que l’homme ? Que signifie la souffrance, le mal, la mort ? Que peut apporter l’homme à la société ? etc.

§2 L’Eglise, quant à elle, croit que le Christ, mort et ressuscité pour tous, offre à l’homme, par son Esprit, lumière et forces pour lui permettre de répondre à sa très haute vocation... »

 

Avec les mutations est-ce que les hommes se posent des questions ? est-ce les questions fondamentales ?

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ON ABORDE ALORS LA 1° PARTIE : L’EGLISE ET LA VOCATION HUMAINE

n°11 : répondre aux appels de l’Esprit, perçus dans les « signes des temps »

§1. « Mû par la foi, se sachant conduit par l’Esprit du Seigneur qui remplit l’univers, le Peuple de Dieu s’efforce de discerner dans les évènements, les exigences et les requêtes de notre temps, auxquels ils participent avec les autres hommes, quels sont les signes véritables de la présence ou du dessein de Dieu….

§2 « Le Concile se propose avant tout de juger à cette lumière les valeurs les plus prisées par nos contemporains et de les relier à leur source divine …

 

quels signes étaient décelés en 1965 ? (l’homme – la société – l’activité)

Sont-ils les mêmes encore aujourd’hui ? Quels sont aussi les autres nouveaux ?

 

§3. « 1. Que pense l’Eglise de l’homme ?

2. Quelles orientations semblent devoir être proposées pour l’édification de la société contemporaine ?

3. Quelle signification dernière donner à l’activité de l’homme dans l’univers ?

4. La réciprocité des services que sont appelés à se rendre le Peuple de Dieu et le genre humain, dans lequel ce Peuple est inséré, apparaîtra alors avec lus de netteté : ainsi se manifestera le caractère religieux et, par le fait même, souverainement humain de la mission de l’Eglise.

C’est le plan suivi !

 

n°12 : Le concile attire l’attention sur « la dignité de la personne humaine » (+41)

§1 « Croyants et incroyants sont généralement d’accord sur ce point : tout sur terre doit être ordonné à l’homme comme à son centre et à son sommet. »

Le Concile attire l’attention sur la grandeur de l’homme (image de Dieu ; capable de liberté, de responsabilité, de conscience morale), mais il parle aussi de la misère de l’homme, du péché, de la mort dont le Christ le sauve …

Quand Il parle également de l’athéisme contemporain, c’est au nom de son souci de l’homme ; c’est pour appeler les chrétiens à une révision de vie, au dialogue.

Enfin, aux yeux des chrétiens, la destinée de l’homme est dans le Christ, Homme nouveau.

 

Quel plan est suivi par le Concile pour développer son point de vue sur l’homme, plan repris pour la communauté humaine et l’activité humaine. ? Et que veut dire ce plan. ? Quelle forme de prière pourrait-il nous inspirer ? (pas de télescopage de l’humain et en même temps articulation avec la perspective religieuse)

 

n°23 : La communauté humaine : (+42)

§1 « Parmi les principaux aspects du monde l’aujourd’hui, il faut compter la multiplication des relations entre les hommes que les progrès techniques actuels contribuent largement à développer. Toutefois le dialogue fraternel des hommes ne trouve pas son achèvement à ce niveau, mais plus profondément dans la communauté des personnes et celle-ci exige le respect réciproque de leur pleine dignité spirituelle … »

n°30. « L’ampleur et la rapidité des transformations réclament d’une manière pressante que personne, par inattention à l’évolution des choses ou par inertie, ne se contente d’une morale individualiste. Lorsque chacun, contribuant au bien commun selon ses capacités propres et en tenant compte des besoins d’autrui, se préoccupe aussi, et effectivement des institutions publiques ou privées qui servent à améliorer les conditions de vie humaines, c’est alors et de plus en plus qu’il accomplit son devoir de justice et de charité. …Que tous prennent très à cœur de compter les solidarités sociales parmi les principaux devoirs de l’homme d’aujourd’hui, et de les respecter. »

n°32 « Dieu a créé les hommes non pour vivre en solitaires, mais pour qu’ils s’unissent en société … Ce caractère communautaire se parfait et s’achève dans l’œuvre de Jésus Christ. »

 

n°33 : l’activité humaine dans l’univers : (+43)

n°34 : « Pour les croyants … l’activité humaine, individuelle et collective, correspond au dessein de Dieu » (Genèse 1,26-27 ; Psaume 8,7 et 10)

n°35 : « De même qu’elle procède de l’homme, l’activité humaine lui est ordonnée. De fait, par son action, l’homme ne transforme pas seulement les choses et la société, il se parfait lui-même. Il apprend bien des choses, il développe ses facultés, il sort de lui-même et se dépasse. Cet essor, bien conduit, est d’un tout autre prix que l’accumulation possible de richesses extérieures. L’homme vaut plus par ce qu’il est que par ce qu’il a. De même, tout ce que font les hommes pour faire régner plus de justice, une fraternité plus étendue, un ordre plus humain dans les rapports sociaux, dépasse en valeur les progrès techniques. »

n°36. §2. Si, par autonomie des réalités terrestres, on veut dire que les choses créées et les sociétés elles-mêmes ont leurs lois et leurs valeurs propres, une telle exigence d’autonomie est pleinement légitime : non seulement elle est revendiquée par les hommes de notre temps, mais elle correspond à la volonté du Créateur. C’est en vertu de la création même que toutes choses sont établies selon leur consistance, leur vérité et leur excellence propres, avec leur ordonnance et leurs lois spécifiques. L’homme doit respecter tout cela et reconnaître les méthodes particulières à chacune des sciences et techniques. …les réalités profanes et celles de la foi trouvent leur origine dans le même Dieu. Bien plus, celui qui s’efforce, avec persévérance et humilité, de pénétrer les secrets des choses, celui-là, même s’il n’en a pas conscience, est comme conduit par la main de Dieu, qui soutient tous les êtres et les fait ce qu’ils sont. À ce propos, qu’on nous permette de déplorer certaines attitudes qui ont existé parmi les chrétiens eux-mêmes, insuffisamment avertis de la légitime autonomie de la science. Sources de tensions et de conflits, elles ont conduit beaucoup d’esprits jusqu’à penser que science et foi s’opposaient.

§3. Mais si, par « autonomie du temporel», on veut dire que les choses créées ne dépendent pas de Dieu et que l’homme peut en disposer sans référence au Créateur, la fausseté de tels propos ne peut échapper à quiconque reconnaît Dieu….. »

Cette perspective est nouvelle, par rapport entre autres choses au conflit avec la science, pour situer l’activité de l’homme dans le dessein de Dieu ; et l’Eglise se remet en cause. Cette découverte de lois propres à chaque réalité est une découverte.

N°39 §3 « Ces valeurs de dignité, de communion fraternelle et de liberté, tous ces fruits excellents de notre nature et de notre industrie, que nous aurons propagés sur terre, … nous les retrouverons plus tard, mais purifiés de toute souillure, illuminés, transfigurés, lorsque le Christ remettra à son Père « un Royaume éternel et universel » … Mystérieusement, le Royaume est déjà présent sur cette terre ; il atteindra sa perfection quand le Seigneur reviendra. »

 

n°40 : Rapports mutuels de l’Eglise et du monde

§3. « Cette compénétration de la cité terrestre et de la cité céleste ne peut être perçue que par la foi … Mais l’Eglise … répand aussi, et d’une certaine façon sur le monde entier, la lumière que cette vie divine irradie,

notamment en guérissant et en élevant la dignité de la personne humaine,

en affermissant la cohésion de la société

et en procurant à l’activité quotidienne des hommes un sens plus profond, la pénétrant d’une signification plus haute.

Ainsi, par chacun de ses membres comme par toute la communauté qu’elle forme, l’Eglise croit pouvoir largement contribuer à humaniser toujours plus la famille des hommes et son histoire. »

 

n°41 : Aide que l’Eglise veut offrir à tout homme.

§2. « L’Evangile annonce et proclame la liberté des enfants de Dieu, rejette tout esclavage qui en fin de compte provient du péché (Rom. 8,14-17),

respecte scrupuleusement la dignité de la conscience et son libre choix,

enseigne sans relâche à faire fructifier tous les talents humains au service de Dieu et pour le bien des hommes,

enfin confie chacun à l’amour de tous (Mat. 22,39) »

 

n°42 : Aide que l’Eglise cherche à apporter à la société humaine.

« L’Eglise peut elle-même, et elle le doit, susciter des œuvres destinées au service de tous, notamment des indigents, comme les œuvres charitables. »

§3. « L’Eglise reconnaît aussi tout ce qui est bon dans le dynamisme d’aujourd’hui, en particulier le mouvement vers l’unité, les progrès d’une saine socialisation et de la solidarité au plan civique et économique. eut

En effet, promouvoir l’unité s’harmonise avec la mission profonde de l’Eglise….

§4. « L’Eglise … par son universalité peut être un lien très étroit entre les différentes communautés humaines … »

 

n°43 : Aide que l’Eglise, par les chrétiens, cherche à apporter à l’activité humaine.

§1. « Le divorce entre la foi dont des chrétiens se réclament et le comportement quotidien est à compter parmi les plus graves erreurs de notre temps. … Que l’on ne crée donc pas d’opposition artificielle entre les activités professionnelles et sociales d’une part, la vie religieuse d’autre part. En manquant à ses obligations terrestres, le chrétien manque à ses obligations envers le prochain, bien plus, envers Dieu lui-même, et il met en danger son salut éternel. »

 

n°44 : Aide que l’Eglise reçoit du monde d’aujourd’hui.

§1. « … L’Eglise n’ignore pas tout ce qu’elle a reçu de l’histoire et de l’évolution du genre humain.

§2. L’expérience des siècles passés, le progrès des sciences, les richesses cachées dans les diverses cultures, qui permettent de mieux connaître l’homme lui-même et ouvrent de nouvelles voies à la vérité, sont également utiles à l’Eglise. »

 

C’est une nouvelle attitude d’humilité et d’accueil faisant place à une attitude qui pouvait paraître hautaine, donneuse de leçon » Plus profondément c’est la reconnaissance que l’Esprit souffle où il veut et il peut très bien nous parler par les hommes de notre temps, il le fait même, à nous de l’écouter.

 

n°45 : Le Christ alpha et oméga.

§1. « Qu’elle aide le monde ou qu’elle reçoive de lui, l’Eglise tend vers un but unique : que vienne le règne de Dieu et que s’établisse le salut du genre humain. »

 

Conclusion : donc à propos des 3 « signes des temps » discernés,

l’Eglise fait effort pour comprendre, s’intéresse, fait ressentir l’aspect positif et l’aspect religieux de ces réalités. Elle dit comment elle pense dialoguer avec le monde, en rendant service et en accueillant aussi l’aide de ce monde.

 

Nota : En une 2° partie le Concile aborde quelques problèmes plus urgents en 1965 : dignité du mariage et de la famille – l’essor de la culture – la vie économico-sociale – la vie de la communauté politique – la sauvegarde de la paix et la construction de la communauté des nations

 

 

« Vatican II : L’attention aux « signes des temps», un devoir pour l’Eglise.

Commentaire, donné aux Conférences de Carême 2010 à N.D. de Paris, par Mgr Eric de Moulin-Baufort, évêque auxiliaire de Paris

 

C’est donc, pour l’Église, consentir à « recevoir de l’histoire et de l’évolution du genre humain », selon ce qu’affirme la constitution Gaudium et Spes (n°44). …

 

1) L’unité est le « signe des temps » sur lequel le Concile insiste le plus.

On en trouve une mention dès le premier numéro de la constitution Lumen gentium sur l’Église, celle qui se trouve placée en tête de tous les documents.

Le Concile fait le constat que les hommes sont « désormais plus étroitement unis entre eux par les liens sociaux, techniques, culturels ». Déjà, ce que nous appelons la « mondialisation » ou la « globalisation » était à l’œuvre : malgré la division du monde en deux blocs idéologiques opposés, les évolutions techniques paraissaient conduire inéluctablement à une interdépendance entre les hommes jamais connue ni même imaginée jusque-là.

En y voyant un signe des temps, le Concile ne se contente pas d’enregistrer un fait matériel :

il reconnaît une aspiration de l’humanité. Il ne néglige pas les facteurs de division, d’incompréhension, de haine même qui jouent dans l’histoire des hommes et qui ne manquaient pas en ces années 60. Il comprend qu’une étape nouvelle de l’histoire de l’humanité se joue :

l’unité de l’humanité n’est plus seulement la vue de foi qui a depuis le XVIIème siècle et au long des XIXème et XXème siècles jetés des jeunes gens, hommes et femmes, par milliers dans l’aventure extraordinaire de partir à la rencontre des peuples les plus éloignés pour leur annoncer le Christ ; elle devient une réalité palpable, quotidienne, une tâche humaine.

Il en résulte un double défi pour l’Église :

a) ad extra, aider les hommes à ne pas se contenter d’une unité matérielle que la standardisation des techniques et l’unification des cultures pourraient produire mais à viser toujours l’unité des libertés que seul le Christ peut procurer ;

b) ad intra, que l’Église soit elle-même le signe le plus limpide de l’unité, dans laquelle son Seigneur veut rassembler les hommes.

 

2) Le deuxième signe des temps est la liberté.

Au XXème siècle, surtout au sortir des deux guerres mondiales, elle est devenue la grande revendication des hommes, de tous les hommes dans tous les peuples et dans tous les domaines de leur existence : liberté morale, liberté économique, liberté sociale et politique. Les hommes ne veulent plus être conduits comme des enfants mineurs, en aucun domaine. Redoutable tentation que cette revendication, grosse de jalousie et de violence, grosse aussi du refus de toute obéissance. Y voir un signe des temps, ce n’est pas négliger ce qu’il y a là de périlleux ;

Y voir un signe des temps c’est percevoir aussi la liberté spirituelle, celle que Dieu veut pour tous les hommes et que le Christ est venu rendre possible malgré le péché, se frayant un chemin dans la conscience souvent troublée des hommes.

 

Double tâche pour l’Église, alors :

a) encourager les hommes à aller au bout de ce que signifie être libre en se libérant de toute obéissance qui ne soit pas, d’une façon ou d’une autre, obéissance à Dieu ;

b) être une communauté de liberté dans une réponse toujours plus exacte à Dieu qui révèle.

 

3).A la source de ces deux marques de temps nouveaux (que sont l’unité et la liberté) un fait décisif : l’incroyable efficacité de l’activité humaine.

L’homme au XXème siècle ne se contente plus de supporter son sort en tâchant de l’améliorer comme il peut, parfois, souvent, au détriment des autres ; son sort, il s’en saisit et il le construit en déployant une ingéniosité inimaginable qui lui permet de façonner son destin dans tous les domaines : la politique devient une construction de la raison et de la volonté et non plus le résultat de l’histoire ; la santé devient une conquête de tous les instants et non un don du ciel assez mal partagé ; les richesses se multiplient et leur somme paraît pouvoir être partagée à tous sans que les inégalités soient la fatale conséquence de la rareté. Là encore, signe des temps car l’Église se trouve relancée dans sa mission si les hommes ne vont plus à Dieu d’abord pour faire face à leur précarité. Conviction formidable de l’Église : ce n’est pas sur la misère humaine que Dieu prospère.

Double tâche de l’Eglise également : (ajout du P. Luc Athimon)

a) ad extra : redresser la conception de Dieu que certains ont, comme celle d’un concurrent avec l’homme !

b) ad intra : Que l’Eglise, dans sa manière de prier, fasse bien place aux médiations, ne laisse pas supposer que le Seigneur va agir « directement », ou qu’il vient boucher un trou, un manque de responsabilité humaine. Que le langage des chrétiens ne donne pas l’impression que Dieu prospère sur la misère humaine. Savoir rendre grâce !

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------L’Eglise en prêtant attention aux « signes des temps » sait bien, en effet, - elle le sait depuis toujours même s’il arrive à certains de ses membres de l’oublier, que

sa mission ne s’épuise pas dans le succès de ses missions, pas plus dans son expansion géographique que dans la force de ses institutions. (le Royaume dépasse l’Eglise)

 

 

 

 

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18 septembre 2011 7 18 /09 /septembre /2011 08:12

Le 2° volet « « LE MONDE D’AUJOURD’HUI »  me semble complémentaire

du 1° : « Evangélisation aujourd’hui ».

 

Comment pourrions-nous nous désintéresser de notre monde d’aujourd’hui, si nous cherchons à donner un plus grand impact au Message Chrétien ? Plus profondément, disons que ce monde a quelque chose à nous dire, et même Dieu nous parle, d’une certaine manière, par ce monde !

Vivre en entretenant la nostalgie du passé n’est pas tenable humainement ni chrétiennement.

Il s’agit d’aborder la question du Monde d’Aujourd’hui sans a-priori négatif ni positif, mais en pensant « avec justesse ». Ainsi nous vivrons sans tension !

 

N° 75/1 août 10     CARACTERISTIQUE DU MONDE MODERNE :  

R E C H E R C H E    D ’ A U T O N O M I E  !

 

Précédemment, dans la réflexion sur l’Evangélisation, nous avons vu surtout comment notre monde s’est éloigné de la Foi, de l’Eglise. Mais il faut dire aussi que l’attention de l’Eglise, notre attention au Monde Moderne doit  être développée, dans l’esprit du Christ Jésus, qui « voyant les foules en eut compassion, car elles étaient comme des brebis sans berger ».

Alors faisons l’effort de mieux connaître le monde dans lequel nous vivons pour mieux l’aimer.

Ce qui caractérise notre monde moderne c’est qu’il est en recherche d’AUTONOMIE (par rapport au monde « traditionnel », où l’obéissance à une autorité était valorisée).

Les concepts d’autonomie et d’hétéronomie relèvent du registre relationnel. L’autonomie caractérise une relation qui n’est pas faite de dépendance causale mais d’interdépendance réciproque. Elle caractérise le vécu d’une relation positive où chacun est chaque jour renvoyé davantage à sa propre puissance créatrice grâce à l’autre. …Un être autonome (dans une relation) est un être qui peut approcher l’autre à partir de son identité propre et y est renvoyé.  Une relation engagée sur la base de l’autonomie est une relation ou la décision responsable des partenaires est exigée. L’ordre de la foi se situe dans ce registre relationnel, dans l’ordre de l’alliance.

 

Il s’agit d’autonomie de l’agir humain par rapport à Dieu, mais aussi entre les 3 sphères d’activité humaine qui normalement ne se concurrencent pas, car n’empiètent pas l’une sur les autres : activité scientifique et technique - activité normative ou éthique - activité expressive. Pour être plus précis, disons que chaque sphère d’activité a ses lois, son langage, ses critères de validité :

  • Ainsi au niveau  de l’activité scientifique et technique fonctionne le critère de vérité vérifiable. Ce critère se prolonge dans celui d’efficacité.
  • Au niveau de l’activité normative, fonctionne le critère de valeur de la  justice universelle.
  • Au niveau de l’activité expressive fonctionne le critère de valeur de l’authenticité particulièr

 

N°76/8.08.10 QUE PENSER, COMME CHRETIEN, DE LA RECHERCHE D’AUTONOMIE DE NOTRE MONDE MODERNE

 

Voici ce qu’en dit le Concile Vatican II, dans le document « Gaudium et Spes » n°36

 

1. Un grand nombre de nos contemporains semblent redouter un lien étroit entre l’activité concrète et la religion : ils y voient un danger pour l’autonomie des hommes, des sociétés et des sciences.

 

2. Si, par autonomie des réalités terrestres, on veut dire que les choses créées et les sociétés elles-mêmes ont leurs lois et leurs valeurs propres, que l’homme doit peu à peu apprendre à connaître, à utiliser et à organiser, une telle exigence d’autonomie est pleinement légitime : non seulement elle est revendiquée par les hommes de notre temps, mais elle correspond à la volonté du Créateur. C’est en vertu de la création même que toutes choses sont établies selon leur consistance, leur vérité et leur excellence propres, avec leur ordonnance et leurs lois spécifiques. L’homme doit respecter tout cela et reconnaître les méthodes particulières à chacune des sciences et techniques. C’est pourquoi la recherche méthodique, dans tous les domaines du savoir, si elle est menée d’une manière vraiment scientifique et si elle suit les normes de la morale, ne sera jamais réellement opposée à la foi : les réalités profanes et celles de la foi trouvent leur origine dans le même Dieu. Bien plus, celui qui s’efforce, avec persévérance et humilité, de pénétrer les secrets des choses, celui-là, même s’il n’en a pas conscience, est comme conduit par la main de Dieu, qui soutient tous les êtres et les fait ce qu’ils sont. À ce propos, qu’on nous permette de déplorer certaines attitudes qui ont existé parmi les chrétiens eux-mêmes, insuffisamment avertis de la légitime autonomie de la science. Sources de tensions et de conflits, elles ont conduit beaucoup d’esprits jusqu’à penser que science et foi s’opposaient.

 

3. Mais si, par « autonomie du temporel», on veut dire que les choses créées ne dépendent pas de Dieu et que l’homme peut en disposer sans référence au Créateur, la fausseté de tels propos ne peut échapper à quiconque reconnaît Dieu. En effet, la créature sans Créateur s’évanouit. Du reste, tous les croyants, à quelque religion qu’ils appartiennent, ont toujours entendu la voix de Dieu et sa manifestation, dans le langage des créatures. Et même, l’oubli de Dieu rend opaque la créature elle-même.

 

N° 77/15 août 10             ENTRE DIEU ET L’HOMME,

Y A-T-IL UNE CONCURRENCE FONDAMENTALE ?

 

(d’après André Wenin « L’homme biblique »)

André Wenin, exégète de renom, conteste la manière d’interpréter la lecture de la GENESE que nous avons habituellement. Pour lui cela vient d’une mauvaise connaissance de la Bible. On prend pour un récit historique ce qui est un écrit théologique utilisant un procédé « mythique » (sorte de conte, qui consiste à condenser dans un « commencement » imaginaire primordial ce qui et censé échapper aux avatars de l’histoire, ce que l’on considère comme universalisable.). Pour lui il y a risque d’avoir un présupposé qui, à ses yeux, ressemble à l’image que le serpent de l’Eden donne de Dieu et de l’être humain c.a.d. :

On admettrait ainsi un Dieu de toute manière supérieur à l’homme, qui entend bien le rester, mais condescend à faire alliance avec lui pour son salut. Réciproquement, on concevrait un homme qui aurait nécessairement besoin de Dieu pour s’en sortir, mais ne pourrait le faire qu’en lui étant obéissant. Bref, entre les 2, il y aurait une concurrence fondamentale qui, bien sûr, pourrait être dépassée dans une alliance, mais seulement au prix de la soumission de l’homme, une soumission dont on fait croire qu’elle est l’unique chemin de liberté possible.

A ce type de lecture, Wenin rappelle que, pour un chrétien, tout l’Ancien Testament (y compris la Création et la faute) doit être relu et interprété à la Lumière de ce qui est révélé de l’homme et de Dieu en Jésus Christ ! Et il dit : « Aussi, le chrétien préférera au schéma linéaire une autre représentation de l’histoire du salut où un Dieu amour crée l’être humain dans l’ardent désir de vivre avec lui une communion authentique, et non pour le maintenir à distance et sous sa dépendance par un interdit arbitraire dont la transgression mène à la mort, la vie étant la récompense de l’obéissance et de la soumission. »

Relisons le 1° récit de la Création dans Genèse 1,1 à 2,2 Le septième jour, Dieu achève son oeuvre de création (2,2), met une limite à sa propre puissance créatrice et se repose. Cela donne à réfléchir ! Dieu se montre ainsi « plus fort que sa force, ce qui est la définition de la douceur de Dieu ». La création culmine donc dans une image de douceur.

Cette image de douceur est déjà présente durant les 6 premiers jours, puisque c’est par sa parole que Dieu exerce sa maîtrise sur le créé. (le contraste est saisissant entre cette forme de maîtrise et la puissance violente déployée dans le combat par les divinités créatrices dans les religions du Proche-Orient ancien).

En mettant un terme à son intervention créatrice, Dieu ouvre pour l’homme et la femme « un espace de liberté » (d’autonomie) où agir en responsabilité, où être créateurs à leur tour en exerçant une réelle maîtrise, lui qui précédemment leur a confié la mission de dominer la terre en maîtrisant les animaux (1,29).

 

n°78/22 août 10                  En conclusion des 3 premières fiches, on peut ajouter ceci :

La 1° fiche est une réflexion sur « La caractéristique du monde moderne » : l’autonomie. Et la 2° fiche sur la Position de l’Eglise.   La 3° montre bien que Dieu lui-même veut cette « autonomie » pour les hommes (il n’y voit pas une concurrence)

Il est bon en effet de le rappeler, car la recherche d’autonomie est une clé qui nous ouvre à la compréhension de bien des choses.

Dans l’histoire de notre monde, il a fallu du temps pour arriver à cette Autonomie. Rappelez-vous comment le siècle des Lumières, les différentes découvertes de la science ont permis des avancées techniques. Et comment, après ces sciences positives, l’avènement des sciences humaines, comme la psychologie, la sociologie, l’anthropologie etc.. ont influencé les mentalités. On découvrait les lois de fonctionnement de réalités terrestres et humaines, sans faire appel à la religion. Alors que jusqu’ici, on cherchait exagérément l’explication de tout, par la religion. Il y a eu des conflits avec l’Eglise : l’affaire Galilée, par exemple.  Par la suite l’Eglise reconnaîtra ses erreurs de position. Il en est ressorti aussi des exagérations où des scientifiques sont aussi sortis de leur domaine, pour affirmer que la religion était une invention humaine due à l’ignorance. Maintenant les choses se sont apaisées et c’est clair. L’Eglise a reconnu et affirmé qu’on pouvait et devait comprendre que les réalités terrestres ont une certaine « autonomie ». C’est un progrès, à n’en pas douter.

1) Il s’agit maintenant de vérifier si nous ne mettons pas encore sous le mot « Dieu » de nombreuses réalités pour lesquelles nous n’avons pas encore d’explications ; par exemple distinguons bien le domaine de la Foi du psychologique.  La science ne nous aide-t-elle pas à une véritable « purification » ?

Que notre Foi fasse une place à l’autonomie des réalités, avec le souci de « rejeter les fausses images de Dieu et de la Foi (les idoles ») !

2) Et, positivement, travaillons à développer nos talents, à devenir plus compétents, dans les diverses réalités terrestres où nous sommes engagés !

Oui, nous pouvons tirer partie d’une plus grande attention à cette caractéristique de notre monde moderne qu’est LA RECHERCHE D’AUTONOMIE !

 

N° 79/29 août 10 :                                     AUTONOMIE  ET  PRIERE

 

Notre croissance humaine et le fait de vivre dans le monde moderne nous incitent à rechercher notre autonomie, à reconnaître nos capacités, et alors notre prière est appelée à évoluer !

Nous constatons des changements : lorsqu’une difficulté se présentait dans notre vie, autrefois, comme nous étions habités par des sentiments « religieux », nous avions recours à la prière pour trouver en Dieu une solution. Mais maintenant, nous essayons de résoudre par nous-mêmes nos difficultés, au lieu de nous adresser à Dieu. La prière nous semble inutile !

Ainsi la découverte de nos capacités risque de nous  éloigner de Dieu. Certains en auront mauvaise conscience, se sentiront coupables d’oublier Dieu.

Pourtant, dans notre recours fréquent à Dieu que nous appelions « confiance en Dieu » se cachait peut-être une ambiguïté. On peut douter de la qualité d’un type de confiance en Dieu construite sur le manque de confiance en soi. Et ce n’est pas Dieu, mais une certaine image de Dieu que nous abandonnons, une image qui a besoin d’être « purifiée ».

Dieu ne peut que se réjouir de nous voir découvrir les capacités qu’il nous a données et nous en servir. Le visage de Dieu qui ressort de la Bible est celle de quelqu’un qui ne désire rien d’autre que de nous voir grandir. Il nous fait confiance.

Alors notre prière ne doit pas disparaître, mais se transformer.

Cette reconnaissance de nos capacités, des dons que Dieu nous a faits, entraînant en nous une plus grande assurance, consistance n’est-ce pas source de joie et de remerciement ?

 Nous sommes plus que jamais appelés à développer l’offrande de nous-mêmes et de nos activités, à rendre grâce, sans cesse, au Seigneur de nous accompagner. Gardant un grand souci de cette communication avec le Seigneur, soyons généreux pour l’entretenir !

En définitive, le chemin vers l’autonomie n’est-il pas une chance pour notre croissance, y compris dans la qualité de notre relation avec Dieu ?

 

N° 80/ 5 sept.10                                         D  E  R  I  V  E S   dans  LA  MODERNITE

 

Rappelons ceci : Par autonomie des réalités terrestres, on veut dire que les choses créées et les sociétés elles-mêmes ont leur consistance, leurs lois internes et leurs valeurs propres, leurs méthodes d’étude propres. L’autonomie des personnes caractérise une relation qui n’est pas faite de dépendance causale mais d’interdépendance réciproque entre partenaires.

 

a) Mais on constate la domination des valeurs liées à l’activité scientifique et technique qui, à la recherche d’une autonomie « absolue », se ferment sur elles ou empiètent sur les autres.

Il y a survalorisation de l’attitude de maîtrise de l’autre dans toutes les relations, à l’imitation de la maîtrise de la nature. Or l’attitude de maîtrise ne peut être le dernier mot de notre rapport à la nature.

        Cette hypervalorisation  provoque bien des dégâts dans le domaine de l’environnement (rapport au monde), entraîne de multiples formes de domination dans le domaine des relations individuelles et collectives (rapport au monde social) et engendre un très grave appauvrissement des échanges interhumains (rapport expressif à l’autre)  

On peut ajouter que la recherche de l’autonomie ne peut être un absolu, sinon que ferait-ton des enfants et des vieillards, des personnes handicapées qui vivent une grande dépendance et méritent le respect de leur dignité ?

 

b) Cette dérive est tellement forte, en Occident, qu’elle s’est prolongée en théologie. Ainsi on interprète la Genèse, en ce qui concerne l’homme à l’image de Dieu presqu’exclusivement dans cette perspective : l’homme est image de Dieu parce qu’il peut maîtriser l’univers comme le Dieu créateur, dit-on. Dans la foulée, l’activité créatrice de Dieu est d’abord perçue comme une activité de maîtrise et Dieu apparaît comme maître ! Cette interprétation est contestée par André Wenin dans « L’homme biblique ».

Or d’après le texte de la Genèse, la vocation humaine est plutôt celle-ci : dans l’espace d’autonomie que Dieu lui ouvre en se retirant, assumer sa responsabilité face au créé et être lui-même créateur d’un monde « vraiment humain » par « la douce puissance de sa parole », et limitant sa puissance sur les choses à la manière de Dieu. C’est ainsi que l’être humain devient ce qu’il est, l’image de Dieu.

En posant une limite à la toute-puissance (et à la violence) du désir, la loi ouvre l’individu à la reconnaissance de l’autre, et aussi de la nature , et donc à la relation qui fait vivre.

Donc le respect de l’autre est la condition de ma propre vie.  Dans cette ligne, des lois sociales tentent de promouvoir la justice et la solidarité avec les pauvres. (Ex 20, 13; Lev 19, 18.34)  Dans la même ligne, certaines lois cherchent à protéger la terre et les animaux (Ex 20, 10; 23, 12 et Dt 5,14.   Ex 23, 4; Dt 22, 1-4    Dt 25,4  Ex 23, 11; Lv 25, 7   Dt 22, 6-7    Lv.25, 2-6; Lv 25, 8-43

 

N°81/12 septembre 10 :                                  AUTONOMIE ET INTERDIT (limite)

                                                            (d’après André Wenin « L’homme biblique ») 

 

Si Dieu est soucieux de notre Autonomie, comment comprendre la « limite » qu’il lui donne (quel sens a l’« interdit ») ?

Dans la Bible, relisons le second récit de la création et celui de la chute (Gn 2,4b à 3,24).

Nous constatons que le serpent (image de Satan) présente la loi à Eve uniquement comme une interdiction « frustrante » (non comme une réalité structurante) (3,1). Mais si, au lieu de se laisser faire par Satan et de se braquer sur la limite que fixe la loi (2,17), nous considérons tous les dons que le Seigneur Dieu fait à l’homme pour son bonheur (2,16 « de tout arbre du jardin tu mangeras »), alors nous sommes amenés à lire autrement l’ordre divin, cette « parole qui fait de l’ordre » Nous n’acceptons pas l’interprétation du Satan, qui dit Dieu JALOUX de sa supériorité et voulant maintenir les hommes en infériorité. C’est pour une raison beaucoup plus profonde que psychologique, une raison fondamentale, vitale qu’existe cet interdit, cette limite.

Alors que tout est donné (2,16), l’interdit marque une limite (2,17) et définit de la sorte un espace pour l’autre, ce qui est indispensable à la vie. L’abolition de cette limite procéderait d’un vouloir jaloux et totalisant (symbolisé par le « prendre » et le « manger » (3,6). C’est seulement quand il n’est pas approprié jalousement qu’un don devient chance de relation, d’échange :

1) relation avec d’autres dans le partage        et 2) relation avec Dieu dans la re-connaissance.

En posant une limite à la toute-puissance du désir, la loi ouvre l’individu à la reconnaissance de l’autre et donc à la relation qui fait vivre.

C’est justement la relation qui est vitale, dans la Bible comme dans la vie.

Dans un amour authentique, les partenaires n’ont pas peur de montrer leurs limites, de se faire vulnérables face à l’autre. Mais si l’un refuse ses limites et veut être tout, il casse la relation. Bref, dans ce récit, la limite peut être autre chose qu’une frustration : elle est la possibilité de reconnaître et d’accueillir avec joie la différence de l’autre et sa propre limite....En voulant être tout, l’être humain ouvre la porte à la violence qui érode l’harmonie.

Donc Dieu nous a donné une autonomie bien réelle, mais pas absolue ; elle est située par rapport à une vie « relationnelle » !

 

  N°82/19 septembre 10 :        AUTONOMIE et LIMITES   EN VUE D’UNE   CO M M U N I O N

                                                                                                      (d’après André Wenin « L’homme biblique »)

 

Chercher l’autonomie dans l’immédiat, soit ! Mais est-ce suffisant ?  Liberté pour quoi  faire ?

C’est peut-être l’interrogation la plus lourde que suscite la situation contemporaine  et liée à de nouvelles valeurs.

La Bible, dans la Genèse, nous disent que le don (de l’autonomie) et la loi (sa limitation) viennent de Dieu. Or ils cachent Dieu tout autant qu’ils le révèlent. Le don montre Dieu comme volonté de vie, de bonheur; la loi le montre comme volonté de mort, de malheur. Mais l’un et l’autre cachent que Dieu est essentiellement désir de rencontre, de face-à-face, d’alliance.

DES LORS, IL APPARAIT QUE DON ET LOI SONT RADICALEMENT ORDONNES A UN TROISIEME TERME, LA COMMUNION.

Le don est vu alors comme l’invitation discrète du Seigneur à le rencontrer,

et la loi exprime que Dieu est inévitablement « autre » que nous et  cela signe, pour nous, l’échec de tout rêve de fusion.

La fonction de la loi c’est de contester une certaine manière de posséder le don (toute centrée sur nous-mêmes), et de laisser ainsi la place pour un possible au-delà du don qui est la reconnaissance de celui qui donne. (comme le refusèrent Adam et Eve, mais comme le firent Abraham et Jésus) 

Nous disions plus haut que le don risque de cacher Dieu. Comment ? Dans la mesure où il vient combler un désir exacerbé par l’attente, le don non seulement risque de donner lieu à une possession fusionnelle oublieuse du don et porteuse de mort, il peut aussi dessiner l’image d’un Dieu pure projection du désir, un Dieu modelé par le manque de l’homme, un Dieu sans consistance propre, simple image de l’homme. Par la voie du désir seul, on ne rencontre que soi et on s’absente de toute relation. D’où la fonction vitale de la loi.

 

N°83 /26 septembre 10 :          JESUS CHRIST et  L’AUTONOMIE OUVERTE A LA RELATION

                                                                             (d’après André Wenin « L’homme biblique ») 

 

La vérité de Dieu se manifeste en Jésus-Christ qui, dans la condition de Dieu, ne tint pas comme une proie à saisir l’être à égalité avec Dieu (Dieu ne considère pas l’être-Dieu comme supériorité à retenir !) Mais il s’est vidé de lui-même (donnant et se donnant) en prenant la condition de serviteur (Ph 2, 6-7a) Telle est l’authentique seigneurie, pour Dieu, celle qui fait honneur à la gloire du Père (Ph 2, 11). Jean ajoutera que cette manifestation est en vue de la communion (1 Jn 1, 1-3) : le Seigneur et Maître qui lave les pieds des disciples pour qu’ils « aient part avec lui » (Jn 13, 8) révèle de la sorte le vrai nom de Dieu, afin que puisse se réaliser la communion dans l’amour (Jn 17, 6.21-26), accomplissement de la création.

Il a accepté que sa propre « autonomie » soit limitée par sa condition humaine, pour s’approcher des hommes et les sauver ! Il s’agit donc d’une autonomie ouverte à la relation.

D’autre part, la relation de Jésus au Père est une relation d’amour, dans le respect de l’autonomie des 3 personnes de la Trinité ! Jésus a fait preuve d’une Liberté réelle !

Voilà un Dieu qui ne ressemble guère à ce créateur ombrageux qui châtie les hommes s’ils veulent prendre sa place et exige le sacrifice du meilleur d’entre eux pour qu’ils ne restent pas dans la malédiction.

Dieu est amour « dès le début » c.a.d. radicalement. Tellement amour qu’il « laisse la place » et se fait discret, indiquant le chemin sur lequel il se cache, avec l’espoir secret qu’un homme lui fera le bonheur de le reconnaître (dans la réciprocité et l’alliance). Jésus est ce bonheur de Dieu, bonheur de l’homme tout à la fois. Car il y a si peu de concurrence entre l’homme et Dieu qu’en Jésus, ils communient. Le mensonge du serpent est, en lui, démasqué de manière radicale et décisive.

 

N°83/26 septembre 10 :                           L A   P O S T - M O D E R N I T E

 

Devant les dérives de la modernité, il y a des réactions, mais souvent déformées à leur tour. On passe d’une extrémité à l’autre !   (aussi bien dans la société que dans l’Eglise) Par exemple, précédemment, on insistait sur le « rationnel », l’intelligence, maintenant on insiste, exagérément,  sur l’affectif, sur le corporel  et on se méfie de la raison ! Et ce qui  intéresse surtout  c’est l’épanouissement de toute la personne, sans vrai souci du bien commun.

Mais déjà, nous pouvons dire qu’une autre période est commencée qu’on appelle habituellement « la Post-modernité », mot venue de l’art et l’architecture, en 1979.  On a vu les limites de la recherche de liberté (d’autonomie), on s’intéresse maintenant à la relation avec les autres, que ce soit dans le domaine du savoir et de l’agir, que ce soit dans le domaine du vivre ensemble.

Les crises financière, économique puis sociale ont été provocatrices à ce sujet.

Le morcellement excessif du savoir,[i] l’engouement pour les spécialistes, la fermeture des sciences sur elles-mêmes apparaissent maintenant comme des obstacles à renverser pour avancer.

Il existe un commencement de collaboration entre les différentes sciences. La caractéristique de la Modernité est la Recherche de liberté, d’Autonomie, maintenant, en cette période de Post-Modernité, on pense aussi à collaborer, à articuler les différents points de vue (économiques, sociaux, écologiques, moraux etc..).

Le pape Benoît 16, dans son encyclique « Charité dans la Vérité », au n°30 et 31 parle aussi d’approches interdisciplinaires des réalités humaines.  « Compte tenu de la complexité des problèmes, il est évident que les différentes disciplines scientifiques doivent collaborer dans une interdisciplinarité ordonnée. » … « Le morcellement excessif du savoir,[ii] la fermeture des sciences humaines à la métaphysique, les difficultés du dialogue entre les sciences et la théologie portent préjudice non seulement au développement du savoir, mais aussi au développement des peuples …L’élargissement de notre conception et de notre usage de la raison est indispensable » …

En finale, pour réfléchir à notre monde d’aujourd’hui, retenons le nom de Jean-Claude Guillebaud, un auteur préoccupé par la marche actuelle de notre monde et un converti.

 


GUILLEBAUD

1995 : La trahison des Lumières (1)

1998 : La Tyrannie du plaisir (2)

1999 La refondation du monde (3)

2001 Le principe d’humanité (4)

2003 Le goût de l’avenir (5)

2005 La force de conviction (6)

2007 Comment je suis redevenu chrétien (7)

2008 Le commencement d’un monde. (8)

2009 La confusion des valeurs (9)

 

 

 

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20 mai 2011 5 20 /05 /mai /2011 10:51

Introduction à une réflexion

sur L’EVANGELISATION et LE MONDE D’AUJOURD’HUI :

 

Pourquoi ai-je entrepris cette réflexion sur L’EVANGELISATION, suivie d’une autre réflexion sur LE MONDE D’AUJOURD’HUI ? D’abord mon engagement en Pastorale à Aix, après 36 ans au Cameroun,  et mon appartenance à une Congrégation « missionnaire » m’ont stimulé pour écrire sur ces sujets.

Dans le diocèse d’Aix et Arles, les confrères sont très sensibles à la Catéchèse, à la liturgie, aux groupes de prière, mais risquent de télescoper les temps précédents de l’Evangélisation, ou tout au moins de ne pas y prêter une attention suffisante. A côté de cela, je dis bien « à côté », il y a les engagements humanitaires.

Et nous, Oblats, par notre vocation nous avons le devoir d’être attentifs à tout ce qui concerne L’EVANGELISATION.

C’est donc au milieu de courants de pensée différents que j’ai senti le besoin de clarifier les choses pour moi personnellement et de faire entendre une « autre » voix, sur 2 points : une vue d’ensemble et la distinction de différentes étapes, entraînant des dispositions différentes.

J’écris aussi avec le secret espoir d’être lu, entendu, en Paroisse et ailleurs. Ne croyez-vous pas qu’il est nécessaire de bien situer les gens, de bien se situer ? N’est-ce pas une question de respect des autres, de sagesse, d’humilité, d’efficacité ?

 

L’EVANGELISATION,  QU’EST-CE QUE CELA  VEUT DIRE  AUJOURD’HUI ?

·         La Mission ne consiste pas à se regarder le nombril pour vérifier si nous sommes assez ouverts, assez « audacieux », il s’agit d’abord de se décentrer, d’être attentifs à ce monde.

·         Aimons notre monde moderne (comme le Seigneur nous le demande) ! Cela mérite d’être vérifié ! Résistons à la tentation de défense, tentation d’en vouloir à notre société qui critique sévèrement, et quelquefois injustement, les chrétiens. Attention à ne pas déverser notre bile sur les gens et à ne pas les diaboliser. L’attachement à la tradition pourrait cacher une peur de ce « nouveau monde ». Ce serait le contraire d’une attitude « évangélique » d’amour, de pardon, d’esprit de discernement. Il s’agit de mettre en œuvre, de la part des « missionnaires » toutes leurs capacités de confiance. C’est le 1° temps : le temps de « l’amitié ».

·         Pendant longtemps nous avons pensé qu’aimer se traduisait : « qu’est-ce que je puis apporter aux autres ? » Et alors l’amour se traduisait par l’engagement : exemple, annoncer la Parole. Actuellement nous avons compris (pas tous) qu’il faut d’abord regarder, écouter, accueillir ce monde, c’est la 1° preuve d’amour.    

·         D’autre part, va-t-on continuer à penser qu’il faut mettre en relief les « manques » de notre vie humaine, pour présenter la Foi comme une réponse. Maintenant la réflexion nous a amenés à comprendre qu’il n’est pas juste de présenter la Foi comme pour « boucher les trous » de notre humanité. Au contraire, il faut être attentif aux « signes des temps » (comme dit le Concile Vatican II)    Et cette attention doit même être la première démarche. Les gens vivent des valeurs qu’il faut repérer, et auxquelles il est important de faire appel !

·         L’intérêt que nous portons à leur vie est, pour les gens, un « signe ».

·         Il servira de transition. En effet, quand le temps de parler de Dieu sera venu, la 1° Parole sur Dieu sera de leur dire que Dieu s’intéresse à leur vie, car il les aime ! Comment celui qui va parler de Dieu pourrait-il négliger de manifester lui-même cette amitié à celui avec qui il entre en contact ?

·         Les « signes », les témoignages  à donner sont donc l’écoute bienveillante, mais aussi la qualité de nos engagements qui provoqueront des questions sur ce qui nous motive : soit le sérieux de notre conscience professionnelle dans le travail - soit notre engagement humanitaire - soit notre engagement dans la société pour améliorer les relations (avec voisins) ou animer le quartier ou notre engagement politique etc….

·         Autre signe très important, « la Communauté chrétienne » …La référence à la Communauté chrétienne n’est pas facultative ni secondaire.

Jésus ne dit-il pas en Jean 13,35 : « Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres. »

Nous savons quel rôle important a joué la communauté dans le passé chrétien et actuellement, partout dans le monde. Dans notre monde modernisé, nous nous rendons compte, de plus en plus, de l’importance des relations, du vivre ensemble qui, malheureusement, nous manque. Il est certain qu’une communauté vivante et fraternelle est très attractive !

·         Pour la Mission, il faut être patients ! Il y a tout un cheminement, ne télescopons pas les temps.

 

 

Puis vient le passage au 2° temps : celui de  « la 1° Annonce de la Bonne Nouvelle» 

Comment se fait-il ? Nous pouvons avoir une vie « parlante », qui pousse certaines personnes à nous interroger, et nous avons alors, comme dit St Pierre, à rendre compte de notre Espérance, dire comment notre engagement a quelque chose à voir avec notre Foi en Jésus Christ !   Il s’agit de le faire valablement. Cela suppose :

©      que nous sommes convaincus que Dieu s’intéresse à notre vie.

©      que notre propre Foi soit bien centrée sur l’essentiel : attachement, Foi en la Personne de Jésus

©      que notre Foi soit liée aux réalités de notre vie, vécue positivement

©       qu’elle soit en rapport avec cet engagement qui a provoqué les questions sur nos motivations.  Nous y reconnaissons la présence, l’action du Seigneur. Et ainsi nous pouvons parler en « témoins » et dire comment la Bonne Nouvelle à laquelle nous croyons est aussi appel à un changement total de vie.

©      Et soyons conscients et capables de dire le « plus » que notre foi nous apporte. Quel est-il ? Pour un chrétien, l’engagement, l’amour du prochain a sa source en Jésus Christ. Il nous a montré le vrai visage de Dieu le Père. Il s’est engagé le premier par amour et nous a appris à aimer et nous engager aussi. Ainsi, notre engagement est une humble réponse. D’autre part, nous croyons que, dans le présent, l’Esprit de Dieu nous accompagne et renouvelle notre regard sur les autres. Enfin une direction, un sens nous est donné : la visée c’est l’alliance, la communion entre nous tous, les hommes et avec Dieu.

©      Soyons aussi conscients et disons que nous faisons partie d’une « communauté chrétienne.»

©      Ayons un minimum de sens du dialogue, de la communication.

Et déjà des partages de Foi entre Chrétiens  peuvent nous initier à ce partage de Foi avec des non-croyants. En effet nous apprenons ainsi à relire notre vie dans la Foi et à l’exprimer. Ayant déjà fait cela, il est plus facile de nous exprimer devant une personne non-croyante. 

C’est cela la Première Annonce, dont les Laïcs sont chargés !   

Ainsi le 1° temps et le 2° Temps de l’Evangélisation sont confiés à tout chrétien.

Disons donc au Seigneur notre reconnaissance devant une telle confiance, et agissons en responsables !

Enfin, on arrivera au 3° temps : celui de « la Catéchèse » !  

Si nous vérifiions notre manière de faire, comment nous respectons ce cheminement,

que de profit, nous pourrions en tirer  ! 

 

                                                               EVANGELISATION  AUJOURD’HUI (suite)

Compter seulement sur la force du témoignage suffit pas (combien de parents, même très engagés, ont fait cette constatation avec leurs enfants). Peut-être certains reconnaissent-ils n’avoir pas suffisamment abordé la question de la source, du pourquoi de leurs engagements (des questions comme « qu’est-ce qui les fait vivre ? » « à quelles valeurs ils sont attachés ? » avec l’exemple d’une vie de prière), parce qu’ils pensaient que c’était tellement évident. Mais pourtant leur engagement, leur témoignage était valable et porteur pour certains enfants qui en ont été marqués, mais pas pour tous.

Il faut affiner, aller plus profond dans l’analyse de l’incroyance contemporaine. Il faut être attentifs à la mentalité collective. Notre monde ne se pose plus forcément de questions existentielles, ni sur la transcendance. Baisse de l’intérêt pour la philosophie. Or nous voudrions donner des réponses à des questions qui ne se posent pas, auxquelles les gens sont tout à fait indifférents ! Les petits enfants, eux oui, savent «s’étonner », alors que les adultes sont pris par l’habitude et la mentalité collective. Le problème donc n’est-il pas le suivant ? Si certains se posent des questions existentielles (sur le pourquoi de la vie, sur la mort, la liberté, le problème du mal, où allons-nous, où va le monde ?), bon nombre (combien ?) vivent sans ce souci, semble-t-il.  En tout cas ils ne cherchent pas de réponses en direction de la transcendance. On dirait que l’ambiance porte les gens à vivre comme « enfermés dans une bulle ». Tout le monde baigne là-dedans. On se heurte à cela.  C’est à ce vide qu’il faut être attentifs. Cherchons donc qu’est-ce qui peut les provoquer, les ouvrir à une remise en question de cette mentalité.

Individuellement, les voyages, les séjours à l’étranger dans des pays de culture différente, un évènement fort dans leur vie, qui les fait prendre du recul par rapport à la mentalité collective (comme un accident, un divorce, une maladie …), un film, un livre, une conversation sont des éléments qui peuvent faire retrouver « l’étonnement », les questions existentielles.

Collectivement, une crise, comme la crise financière et économique et ses conséquences, une grande catastrophe peuvent bouleverser (voir le livre de Guillebaud « Comment je suis redevenu chrétien » : le point de départ de sa conversion c’est quand,  à la suite de ce qu’il voyait dans son métier de grand reporter, il s’est mis à s’interroger sur la marche du monde)

Si c’est ainsi, sachons rester vigilants, en éveil vis-à-vis de ces choses qui provoquent les gens, de leurs réactions, pour pouvoir en dialoguer avec eux. Cela suppose aussi que nous soyons proches de leur vie pour, nous-mêmes ressentir les mêmes questions de l’intérieur.

Recul : HISTOIRE DE LA REFLEXION SUR L’EVANGELISATION (à vérifier)

 

Il y a plusieurs années, on s’interrogeait sur la manière de faire la Première Annonce (différente de la Catéchèse) plus percutante, avec un appel plus fort à la Conversion. Cela parce qu’on voyait des Chrétiens dont la vie était peu convertie par l’Evangile. Ils avaient appris des choses, il y avait une connaissance doctrinale et morale, mais cela ne prenait pas toute la vie et il manquait la mystique. Alors on a mis l’accent sur la nécessité d’une « rencontre avec la Personne du Christ ».

De là, voyant les gens mettre en cause la manière de vivre en chrétiens, pas assez conforme à leurs paroles, on a mis l’accent sur le Témoignage et la proximité avec les gens.

Nota : Certains pensent maintenant qu’on n’a pas assez parlé, on a été trop effacé et veulent revenir à la proclamation de la Parole, sans tellement être attentifs à la mentalité des gens. On peut comprendre la réaction contre certaines faiblesses de l’attitude précédente, mais doit-on passer à l’opposé à une impatience et une conception peut-être un peu  trop magique de la Parole.

D’autres pensent que les gens se sont encore plus éloignés des perspectives des croyants, qu’ils sont indifférents, ne se posent plus les questions existentielles et baignent dans une mentalité collective fermée. Et alors, nous cherchons comment agir là encore, en ramenant les questions existentielles à la conscience des gens. Si on y arrive, on pourra présenter la réponse « originale » du Christianisme  !

En tout cas celui qui s’intéresse à l’évangélisation ne peut s’abstenir d’analyser notre monde d’aujourd’hui !

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Encart : Vivre notre situation, à propos de communication de Foi, dans un esprit Evangélique

DISCERNEMENT  A  PROPOS  DE  LA  DIFFICULTE  DE  TRANSMISSION  DE  LA  FOI

AUX  ENFANTS, EN FRANCE, AUJOURD’HUI.

 

Il y a eu « rupture » de générations : les enfants ne suivent plus le chemin de leurs parents.

Cela nous touche. Sachons faire un effort de discernement !

Voyons d’abord les attitudes à dépasser :

1) La culpabilisation

2) Ou bien on essaie de se rattraper en minimisant la Foi, la relativisant, on dit : « il suffit d’aimer son prochain »

3) Ou bien on juge sévèrement les jeunes qui ont abandonné

4) Ou encore on vit dans l’amertume, la tristesse

5) Quelquefois on va jusqu’à désespérer de l’avenir de la Foi et de l’Eglise : de l’impression d’échec personnel on transpose à l’échec de l’Eglise et à l’échec de Dieu.

Il faut chercher quelle serait la bonne réaction !

1) Cette crise nous provoque à grandir nous-mêmes dans la Foi : La Foi, ce n’est pas évident ! Et nous pouvons dire merci sans cesse d’avoir reçu nous-mêmes cette grâce !

2) Nous butons sur la liberté de nos enfants. C’est un appel à un surcroît d’amour et de respect.

3) La réaction bonne consiste également à ne pas chercher à éliminer, par de fausses pistes, la peine de voir les jeunes ne pas croire et passer ainsi à côté d’un trésor. Mais portons cette peine dans la paix et, ajoutée à l’affection, transformons-la en prière incessante pour les enfants (comme Sainte Monique qui a obtenu la conversion de son fils Saint Augustin.)

4) Vivons nous-mêmes dans le présent, cherchant toujours à approfondir notre propre Foi : qu’elle devienne toujours plus « source de vie et de joie, de dépassement pour nous ». Ainsi d’ailleurs elle deviendra attrayante. Et le Seigneur lui donnera les fruits qu’il désire.

5) Etre vigilants. Si, un jour, nos enfants sont bouleversés par quelques évènements (qui les font prendre du recul par rapport à la mentalité collective) ils accéderont peut-être à un niveau de réflexion inhabituel. Que les parents cherchent comment entretenir les questions de fond et suggèrent peut-être quelle réponse eux-mêmes donneraient (inspirés par la Foi).

 

 

 

 

 

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